« Je suis avec vous » : Béatitudes pour notre temps

Heureux les compatissants : Rien de tel qu’un petit passage aux Urgences pour se rebooster spirituellement : un malencontreux enchaînement de circonstances m’a récemment donné l’occasion de revisiter en fin de nuit ce service de l’hôpital Cochin, et d’y recevoir un encouragement inattendu. Les soignants sont épuisés mais attentifs, la jeune externe qui devait terminer à 5h m’accueille d’un « pour l’instant je suis avec vous » (elle sera toujours là deux heures plus tard) – et après m’avoir dit : « je suis contente pour vous, ce n’est pas grave », sa responsable attend l’obscurité du couloir pour se plier en deux, car elle-même travaille avec deux côtes cassées.

Heureux les fraternels : Un grand merci à vous, amis du Foyer de l’âme, pour vos mails, appels, acceptation au pied levé d’une responsabilité ou de l’animation d’un groupe. Un grand merci aussi à notre cher président de Consistoire, venu assurer un service d’obsèques à ma place pendant son jour de repos, ainsi qu’à la pasteure du Defap, qui nous a accompagnés de sa chaleureuse présence pour un autre culte d’Action de Grâce (et qui nous fera l’amitié de présider le 12 mai au Foyer de l’Âme le culte inter-communautés).

Heureux les artisans de paix : Le 14 février au matin, notre secrétaire d’état en charge du numérique vient parler à la radio des contenus haineux véhiculés par les réseaux sociaux, et des initiatives pour combattre ce fléau. Non sans condescendance, les journalistes qui veulent donner l’impression de tout maîtriser n’arrêtent pas de l’interrompre – mais notre secrétaire d’état tient bien le coup – jusqu’au moment où il dit le mot – le mot interdit ! Il parle de faire évoluer les mentalités et de remplacer la haine par l’amour. Erreur fatale, stupeur ricanante de l’interviouveuse : « l’amour…  –  ça fait pas un peu bisounours ? » Et le conformisme des mentalités est si fort qu’au lieu de lui balancer une bonne dose de béatitudes, du genre « heureux les bisounours, car ils hériteront la terre » ou « malheur à vous qui ne pensez qu’à provoquer pour augmenter l’audimat », notre secrétaire d’état en charge du numérique se reprend « non, c’est pas ce que je voulais dire mais quand même… » Heureux les artisans de paix : ils ne seront pas appelés bisounours, ils seront appelés Enfants de Dieu.

Catherine Axelrad

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