Tableau des cultes

6 …………………………………………………………….. Château
13 …………………………………………………………… Marchal
20 …………………………………………………………… Château
27 …………………………………………………………… Marchal

Comment

« La graine germe et pousse sans que l’homme sache comment. » Marc 14:27.

« Sans que l’homme sache comment ». C’est à la fois dommage et magnifique. C’est magnifique, parce que le réel dépasse infiniment la connaissance que nous en avons. Ce serait un univers bien limité que celui qui se ramènerait aux lois que nous en connaissons. Un monde réduit aux idées claires serait un monde étriqué. La germination, mystère. La croissance, mystère, mais enfin, croissance, et germination. Nous ne pouvons rien expliquer, du moins dans les causes premières et profondes. Une explication n’est jamais qu’une observation un peu plus poussée, et qui remonte un peu plus haut. Aussi bien une découverte, quelle qu’elle soit, pose-t-elle de nouveaux problèmes… Mais il y a quelque chose d’exaltant à saluer toutes ces vérités inconnues et qui nous soutiennent à notre insu. Le mystère n’est pas toujours l’absurde ni la fatalité. C’est aussi la Bonté anonyme, le secours non identifié, la Sagesse invisible, et ce Dieu caché qui faisait dire au patriarche : « L’Éternel était là, et je ne le savais pas ».
Cependant, notre curiosité humaine, en un sens très légitime, nous pousse à ajouter : « quel dommage de ne pas savoir « comment ». Comment ce que nous appelons la vie a bien pu apparaître sur cette terre? Comment ce que nous nommons notre âme peut être solidaire de notre corps sans pourtant s’y assimiler? Comment, après la mort, notre personnalité échappe-t-elle, sur un autre plan de l’être, au total, à l’accablant naufrage de notre organisme physique? Dès maintenant, comment et pourquoi cet homme vaillant, qui n’a pas triché avec son devoir, est-il bousculé et vaincu par ce frivole, ce péremptoire ou ce cynique? « Je ne sais, Dieu le sait », répondrait St-Paul qui affirme, dans cette sobre formule, notre inévitable ignorance en même temps .que notre confiance invaincue.
Oui : le droit au mystère, et le droit à l’espoir.

***

Ce n’est toutefois pas directement sur le symbole même de cette graine que nous voudrions attirer votre attention. Dans notre propos, ce « comment » en introduit quatre autres que nous trouvons groupés au début de l’Évangile selon St Jean. L’intention de l’Évangéliste est évidente et ce quadruple adverbe, un peu lourd, vaut bien qu’on s’y arrête. D’autant que l’écrivain sacré, par une sorte d’humour supérieur, a voulu donner à ces quatre questions un tour paradoxal, vraiment puéril et qui contraste avec les hauts enseignements qui en sont la réponse.
Jugez-en plutôt.

Voici le premier « comment ». C’est celui de Nicodème. Jésus vient de parler de la nouvelle naissance. Lourdernent Nicodème répond : « comment un homme pourrait-il renaître et rentrer dans le sein de sa mère? » A première vue, nous serions tentés de dire que l’Évangéliste exagère. Nicodème, docteur de la Loi, homme et savant sage, interprète respecté des Prophètes qui, eux, avaient beaucoup parlé du renouvellement du cœur, ne pouvait pas ne pas avoir compris cette espèce de récurrence, de retour physiologique au sein maternel ne ferait guère honneur à ses connaissances biologiques, ni surtout à ses facultés mentales, Mais il y a la comme l’image, volontairement outrée, de l’extrême difficulté d’un des aspects fondamentaux de la vie religieuse et qui touche à notre engagement personnel, devant les hommes et devant Dieu.
Il est relativement facile, quand on a la fibre religieuse, de connaître ces grands élans mystiques qui nous rendent en quelque manière participants de l’Absolu. Et certes c’est notre droit et notre privilège. Le sentiment religieux, posant les grandes questions de la vie et du mal, de l’amour et de la mort, nous conduit naturellement au surnaturel, si j’ose dire, et développe en nous un large lyrisme. Des cadences liturgiques à l’extase, en passant par les orages du cœur et les chaudes brûlures de l’aveu, le chemin est tout tracé. C’est notre être tout entier, corps et âme, qui est entraîné en un puissant élan vers Celui; qui nous accable et aussi nous enchante.
Mais, cet homme que je suis ne saurait se contenter de jouir de sa loi. Et si, encore, cette jouissance est et doit être notre, il me reste à la vivre sur le plan de la spiritualité, de la bonté créatrice, de ce renouvellement intérieur exigé par le Christ et que l’éternel Nicodème qui est en nous affecte de ne pas comprendre. L’Etre doit accompagner le croire. Les démons qui personnifient dans l’épître de Saint Jacques les forces du mal, sont des croyants ; ils savent comme on dit, que le monde ne s’est pas fait tout seul. L’apôtre écrit : « Tu crois qu’il y a un seul Dieu. Tu fais bien. Mais les démons le croient aussi, et ils tremblent ». Pourquoi tremblent-ils, sinon parce qu’ils n’aiment pas.
Chimère, dira-t-on, que ces conversions romanesques, ces nouvelles naissances rarissimes. Répondons : outre qu’elles existent, ces « nouvelles naissances » ne sont pas synonymes de je ne sais quelle sainteté ineffable.
Elles sont, avant tout, la prise de conscience aiguë de l’échelle des valeurs, la souffrance de les avoir mal servies. Naître de nouveau ne consiste pas à être beau, mais à souffrir d’être laid. Naître de nouveau c’est devenir acteur, -très misérable il est vrai- et non plus seulement spectateur du drame à la fois sanglant et burlesque du monde. C’est revendiquer sa place dans le grand combat, même si l’on n’est qu’un soldat sans victoire, sans victoire apparente en tout cas.

***

Avec le second « comment », celui de la femme Samaritaine, la scène change brusquement. Ici, nous sommes en plein soleil, en plein midi, au bord du puits de Jacob et non plus aux heures mystérieuses de la nuit que Nicodème avait choisies pour aller trouver Jésus. L’Évangéliste aime ces oppositions. Du docteur de la Loi orthodoxe et cultivé, nous passons à la femme du peuple et à la schismatique. Mais l’enseignement, lui, restera à la même hauteur. Mieux encore : pour dégager les horizons du culte en esprit et en vérité, le Maître a choisi non pas un théologien, mais cette humble femme sans culture, qui s’était mariée cinq fois, vivait pour lors en concubinage et à laquelle s’attachait, dans les idées du temps, le double mépris de sa condition de femme et d’étrangère.
Jésus est fatigué. Il a soif. La Samaritaine remarque qu’il n’a pas de seau pour puiser. Elle introduit alors son naïf « comment » : « Le puits est profond, tu n’as rien pour puiser; Comment aurais-tu cette eau vive ? » Jean 3:11. La, difficulté était facile à résoudre. Sychar, le village, était tout proche et n’importe qui aurait prêté corde et récipient. Mais la question, on s’en doute, n’est pas là. L’expression «,eau vive » avait déjà, en hébreu une valeur mystique. Elle opposait l’eau vive des puits et des sources à l’eau tiède et croupissante des citernes qu’on utilisait surtout. C’était l’affirmation de la religion spontanée, jaillissante, authentique, spirituelle; par opposition aux traditionalismes fatigués, aux formalismes défraîchis. Assurément les traditions et les formes sont nécessaires, elles sont même souvent très douces — à condition ·qu’elles s’alimentent régulièrement en eau vive.
Et voici que le dialogue s’espace et s’agrandit. Jésus regarde le mont Garizim, montagne sainte des Samaritains, tandis que la Samaritaine évoque la Sainte Sion, de Jérusalem. Et c’est alors que le Maître, dépassant tout particularisme racial ou religieux, proclame la religion universelle, dont le siège n’est ici, ni là, car « Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit de vérité », paroles aux résonances infinies qui humilient nos misères et exaltent nos ambitions.

***

Les deux derniers « comment » ont pour site la synagogue et émanent d’un groupe d’opposants que St Jean désigne comme étant « les Juifs » (4: 41-42 et 52). Aucune trace d’antisémitisme dans cette appellation. Le même évangile, en effet, ne nous dit-il pas que « le salut vient des Juifs », c’est-à-dire de cette révélation biblique qui culmine en Jésus ?
Mais écoutons nos gens : « N’est-ce pas là le fils de Joseph, dont nous connaissons le père et la mère ? Comment peut-il dire : je suis descendu du ciel ? Comment pourrait—il nous donner sa chair à manger ? »
Ces deux derniers « comment », sont solidaires et font partie du même entretien. Que l’autorité incomparable dont le Maître fait preuve et que d’ailleurs il revendique, aille de pair avec son humble extraction familiale, leur apparaît comme une impossibilité. Voyons! Peut-on être à la fois, et de notoriété publique, le fils du charpentier Joseph et de Marie son épouse, avoir près de soi, comme le précise St Matthieu (13 : 55), ses sœurs et ses frères, Jacques, Joseph, Simon, Jude, et être aussi le Fils de Dieu par excellence, le Messie venu, spirituellement parlant, du ciel ? Ou l’homme et rien que l’homme. Ou le Messie, et pas de famille humaine. Mais Jésus récuse cette option. Il sait que l’homme n’est jamais seulement l’homme, parce que l’homme est de race divine et que cela se réalise éminemment en Jésus.
C’est pour n’avoir pas saisi cette vérité qu’on lui pose cette question enfantine : Comment peut—il nous donner sa chair à manger ? Le Christ, il est vrai, vient de comparer son enseignement à un pain substantiel qu’il faut manger, lui-même étant ce pain de vie (6 : 48). De même, il avait dit; qu’il était une porte, un chemin, un cep de vigne, sans qu’on dût songer à prendre ces métaphores au sens littéral. Aussi va-t-il proclamer la spiritualité fondamentale de ce qui est « le sacrement »,
symbole évangélique par excellence en ajoutant : « C’est l’esprit qui donne la vie ; la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie » (6: 63). Quelles que soient, hélas! les divergences doctrinales des Églises chrétiennes -sinon des chrétiens- sur le « comment » de la Sainte Cène, l’unanimité, heureusement, se retrouve dans la conviction que, finalement, c’est l’esprit qui qualifie la matière et que là ou il n’est pas, rien n’est.

***

Telles sont les quelques évidences spirituelles -trop brièvement esquissées- dont sont porteurs les quatre « comment » de St Jean. Laissez, laissons croître en nous le germe de cette graine, semée dans nos tortueux sillons. Nous n’avons rien d’autre, mais,nous avons cela, pour affronter les problèmes, ceux du temps, comme ceux de l’éternité,
Aujourd’hui, demain, nous nous heurterons à nos difficultés personnelles ou professionnelles. Nous aurons à vivre notre vie, face à nos passions, à notre conscience, à nos atroces angoisses nationales ou internationales. Ces peuples, ces haines, ce sang, ces choix tragiques qu’il faut bien faire, et dont aucun n’est exempt de risques ou d’injustices… De tous les points de l’horizon nous arrive la tempête ; tous sont essentiels, à long ou à court terme, car tous les points sont cardinaux.
Mais il y a un salubre courage à penser -et ce courage est aussi une réponse- qu’en dernière analyse il n’est aucun drame religieux, social, humain, qui n’ait à sa base une justice méprisée ou une défaillance d’amour.

G.M.

Dans la paroisse

  • Le Service mensuel de Sainte Cène, aura lieu à l’issue du culte du 27 novembre
  • L’école du dimanche a repris avec 72 jeunes, Une dizaine de nouveaux est encore, à prévoir.
  • Instruction, religieuse. Les deux cours du mercredi, 18h15 (Pr Château) et du jeudi, 14 h. 30, (Pr Marchal) grouperont au 1er novembre 35 catéchumènes
  • Étude biblique – Le mercredi 16 novembre, salle Wautier, à 20 h. 45. Explication de l’Apocalypse, par M. le Pr Chateau et M. le professeur H. Friedel.
  • Cercle d’Études – Il aura lieu exceptionnellement un dimanche: le dimanche 6 novembre, de 16 h. 30 à 17 h. 30, salle Wautier. Le Pr Chateau donnera un compte rendu de l’Assemblée générale du Protestantisme français (Montbéliard : 29 octobre-1er novembre 1960).
  • Club des jeunes. – Comme d’habitude, les convocations seront envoyées individuellement. Responsable : Roland Friedel. Tél. : Roq.01-52, Tous les catéchumènes y seront invités.
  • Chorale du Foyer de l’Âme. – Les répétitions hebdomadaires ont repris le 26 septembre. Elles ont lieu le lundi, à 19 h.15, salle Wautier, De nouveaux choristes seront les très bienvenus. La chorale chantera au culte par T.S.F. du dimanche 30 octobre (8 h. 30).
  • Cultes par T.S.F. – Celui du dimanche 13 novembre, à 8h.30, sera présidé par M. le Pr Marchal.
  • Conseil presbytéral. La prochaine séance se tiendra au Foyer de l’Âme le mercredi 9 novembre à 20h.45.

Vente

Il est naturellement impossible que ce bulletin rende compte de notre vente paroissiale, puisque celle-ci a lieu le samedi 29 octobre de 10 à 19 heures. Au cas où le présent bulletin vous arriverait avant cette date, veuillez le considérer comme une dernière et confiante invitation à faire de cette vente une journée de solidarité efficace et d’amitié partagée. Nous rappelons qu’à l’issue de la vente, soit vers 19 h 30, commencera une « soirée amicale et dansante de jeunesse », dans la salle même de la vente, 28 bis rue St-Dominique. Cette soirée gratuite, comportera un buffet aux prix très modestes. Que les jeunes y invitent leurs amis, camarades, jeunes ménages, etc.

Une initiative

Formation d’un orchestre. Les jeunesses musicales ont fait beaucoup pour répandre le goût et la connaissance de la musique. Des formations musicales se sont créées, un peu partout. Olivier Allin, frère de notre organiste a eu l’heureuse idée de constituer un orchestre, au Foyer de l’Âme, ouvert à tous, autour d’un noyau de jeunes. En attendant l’adjonction d’autres instruments, nous lançons un appel à ceux d’entre vous qui jouent du violon, alto, violoncelle, contrebasse. La première séance de travail et de contact aura lieu salle Wautier (2** étage), le mercredi 9 novembre, à 20 h. 15, sous la direction de Claude Boutroux. Pour tous renseignements complémentaires, s’adresser à M. Marchal,
ou à Olivier Allin, Tél.: Italie, 11-28.

Solidarité

  • Étudiante en Sorbonne, dernière année de licence, donnerait quelques leçons d’allemand à jeunes lycéens ou lycéennes. S’adresser au Pr Château.
  • Nous recommandons vivement nos amis M. Louis Gratia, pianiste, professeur et concertiste, membre du jury du Conservatoire, leçons de piano à tous les degrés. Et Mme Marthe Gratia, officier d’académie, 1*** prix de chant de la ville de Paris, leçons de chant. 7, place Charles-Dullin, Paris 18**. Prix des leçons, l’heure: 25 NF. La demi-heure: 15 NF.
  • Pour garder dame âgée mais valide, avec rétribution et repas du soir, on demande une personne pour le dimanche après-midi. S’adresser à Mme Migot. (Tél. Laborde 66-97).