Le juste chemin

Le théologien Karl Barth disait qu’il faut prêcher avec la Bible dans une main et le journal dans l’autre (compte tenu de la rigueur de sa pensée, je m’étonne qu’il n’ait pas précisé dans laquelle :-). Mais aujourd’hui, même lorsque notre incompétence et/ou un vague reste d’indépendance d’esprit nous permettent d’échapper au filet de ce qu’il est convenu d’appeler les « réseaux sociaux », nous voici transformés en autant de balles de flipper, montant et descendant au gré de l’actualité, renvoyées d’un clignotant à une sonnette, de telle chaine anxiogène au micro de telle radio démago. Comment raison garder, comment espoir retrouver, comment confiance préserver ?
A l’heure où j’écris ces lignes (le 24 janvier) allez savoir pourquoi, plusieurs d’entre nous (dont je fais partie) n’ont pas encore pu se résoudre à jeter couronne d’Avent et sapin de Noël… Il va pourtant falloir.

Il va falloir, comme en tout temps et plus particulièrement en période de déstabilisation, rechercher dans nos vies comme dans nos sociétés le juste chemin – les sentiers de justice selon la NBS – « La juste Route » selon les mots du psaume repris dans ce splendide film hongrois auquel vient d’être décerné le Prix de l’Auditoire (de l’Atelier protestant).
Nous le savons bien en protestantisme, en particulier dans la tradition réformée : si l’exercice de la démocratie, qui répond à l’exigence (évangélique comme laïque) de fraternité, doit permettre que tous soient respectés et entendus, il nécessite de la part de chacun une maîtrise de soi et une conscience de ses responsabilités qui souvent relèvent plus de l’idéal que de la réalité.
L’Histoire, y compris contemporaine, ne cesse de nous apprendre combien ce choix doit être préservé car il est toujours susceptible d’être gravement et durablement remis en cause.
Le juste chemin que nous propose le psaume 23 ne nous conduit pas en dehors de la société, dans de verts pâturages imaginaires qui nous empêcheraient de prendre notre part de la vie et de la détresse du monde. Il peut simplement nous permettre, quelquefois,  de lire Bible et journal avec la même exigence, et de vivre nos engagements en paix, « à cause de son nom ».

Catherine Axelrad

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