Le concert du mois – Mai 2021

Les Cantates ont suspendu leur cycle depuis avril 2020 et afin de pouvoir reprendre leurs concerts publics, les Cantates et la paroisse du Foyer de l’Âme ont voulu s’associer dans un culte-cantate, un moment qui associe spiritualité et musique, à la manière de ce que vivait Bach quand sa musique était jouée pendant le culte du dimanche à Leipzig.

Pour le culte-cantate du dimanche 2 mai qui a eu lieu au Foyer de l’Âme, c’est la cantate BWV 43 « Gott  fähret auf mit Jauchzen » qui a été choisie pour l’occasion, une cantate pour le jeudi de l’Ascension 1726.

Un enregistrement audio a été réalisé et mis en ligne pendant un mois afin de permettre à tous de profiter de ce concert. Mais afin de laisser ce moment suspendu et pour le respect du caractère éphémère du concert, l’audio n’est plus disponible.

Merci de votre compréhension et à bientôt au Foyer de l’Âme ou sur notre site pour un prochain concert !

En attendant, vous trouverez en PDF le programme complet de la cantate.

Les Cantates

Dimanche 2 mai 2021

Cantate BWV 43
« Gott  fähret auf mit Jauchzen »

© Nicolas Lascourrèges/CIRIC

Chant

Donatienne Michel-Dansac et Aurore Blaise – sopranos
William Shelton et Dominique Favat – altos
Bruno Boterf et Denis Chemla – ténors
Eric Beillevaire et Pierre Agut – basses

Orchestre

Serge Tizac – trompette naturelle et cornet à bouquin
Jean-Baptiste Lapierre – trompette naturelle et trompette à coulisse
Nicolas Serrano – trompette naturelle et cornet à bouquin
Michèle Claude – timbales
Vincent Blanchard et Nicolaï Johnson – hautbois
Andrée Mitermite, Aude Caulé,
Ruth Weber et Emmanuel Resche-Caserta – violons
Lucia Peralta et Jean-Lou Descamps – alto
Elena Andreyev et Cécile Vérolles – violoncelles
François Guerrier – clavecin
Freddy Eichelberger – orgue et coordination artistique

Sylvain Tardivo et Isabelle Veillet – souffleurs

La cantate Gott fähret auf mit Jauchzen fut jouée la première fois à Leipzig pour le jeudi de l’Ascension 1726.
En deux parties, elle s’articulait autour du sermon pendant l’office religieux.

Fallait-il que cette cantate soit jouée aujourd’hui, presque sans public et destinée à être filmée et diffusée pour que son déploiement me paraisse si original…? Allons-y, générique !

Ouverture sur une musique lente, d‘une grande noblesse. Imaginez la caméra en traveling qui franchit avec vous la porte des cieux. Nous voici en plein reportage : éclat éblouissant de trompette, explosions de joie et brouhaha débordant, quelle animation ! On y est, on ne pourrait imaginer illustration plus fidèle du texte.

Sur le dernier roulement de timbale, le présentateur en studio prend la parole, il se met dans la position du téléspectateur impatient : qui est là, qui assiste au couronnement ? Vous allez bientôt le savoir… En effet, l’image rebascule dans les cieux, c’est l’envoyé spécial maintenant qui apparaît.

Il confirme, nous voyons par ses yeux, ils sont mille milliers à entourer le Christ pour son arrivée triomphale. Beaucoup d’activité dans la musique, dans le chant, mais tout est fluide, serein, évident.

La soprano rappelle l’Evangile de Marc (Mc, 16, 19) qui se conclut sur ce retour au ciel.
Sans changer de tonalité, la méditation s’amorce. Ce n’est plus l’allégresse de l’instant mais un regard sur ce qui a été accompli : l’œuvre d’un sauveur. C’est incroyable à quel point cette musique est en parfait équilibre, mineure, plus âpre, propre à évoquer par son seul caractère le chemin parcouru et la reconnaissance encore douloureuse du chrétien après Pâques. C’est court, c’est à peine un aria, plutôt une pensée qui nous happe et nous plonge dans la réflexion.

L’instant est propice à écouter les paroles de la pasteure.
Quand la musique reprend, le Christ est devant le croyant. Le chant emprunte sa voix et nos oreilles écoutent le récit du combat livré. La bataille et l’urgence à rejoindre ce Sauveur se mélangent, passé et présent réunis. La précipitation suspend ce récitatif.

Le réel nous abuse…, nous voici revêtus de la cuirasse du héros… miracle, elle est à notre taille !
La basse entame un air de bravoure. Orgue, clavecin et violoncelle de la basse continue sont pris dans une bagarre, sans cesse brisée-relancée. La trompette qui côtoie seule le chant est guerrière et glorieuse, c’est une partie instrumentale littéralement infernale –à croire que Bach l’a fait exprès…

Et puis, les épées sont rangées. Comme un enfant encore chargé du bonheur de ses jeux qui se met à rêver, le croyant a la tête dans les cieux. C’est lui qui parle main- tenant. La musique devient intime. Les trois interventions qui précèdent le choral final sont toutes marquées du même sceau, une résolution qui résume et referme progressivement l’intense évocation : je me tiens sur son chemin.

L’air d’alto garde encore en lui les échos saccadés de la bataille. Sa façon d’énoncer la conclusion est douloureuse. Le récitatif de soprano, lui, est confiant et emporte l’auditeur dans un choral long et sûr comme l’éternité.

Christian Leblé

→ http://www.lescantates.org/