Et maintenant…

Ce jour d’écriture se situe au lendemain de l’élection présidentielle, élection du candidat sortant, ce qui réjouit ou afflige, soulage ou indiffère. Mais voilà, c’est fait, et même si les commentaires, analyses et projections se multiplient, dès le matin 2 mots surnagent du brouhaha, indépendamment des calendriers politique et électoral à venir : « et maintenant ». Non pas tant la nostalgie portée par cette chanson de Gilbert Bécaud que les plus anciens connaissent par coeur, qu’une manière de se tenir dans le jour et pour les jours qui viennent et même, selon l’étymologie du mot, une manière de tenir en main le temps. À la fois une rupture et une continuité, car le maintenant n’est pas toujours circonscrit à l’instant : il ouvre une durée, tout en prenant en compte ce qui est passé, ce qui s’est passé.

Dans la Bible hébraïque, l’expression « et maintenant » ponctue nombre d’interpellations des prophètes d’Israël, rappelant au peuple et à ses dirigeants la volonté de l’Éternel, et les conséquences de leur infidélité ou de leur fidélité. Elle est la formule d’un temps de crise et de discernement, le discernement consistant à ne pas se laisser entraîner par les peurs et les émotions soulevées par la crise. « Et maintenant », c’est la formule d’un temps de conversion, un retour non pas vers un passé toujours plus ou moins reconstruit, voire fantasmé, mais vers le Dieu libérateur de la vie et de l’avenir.

Ce jour d’écriture est aussi le neuvième jour après Pâques. Pierre roulée et tombeau vide, peur et passé dépassés, car le passage de la mort à la vie est ouvert. Il ne s’agit pas de biologie, mais de la qualité d’être vivant dès à présent. « Et maintenant » est donc le temps des possibles, possibles vivifiants, inspirations renouvelées, consciences réveillées, courages relevés. Nous sommes fondés sur un changement radical, qui a pour nom Pâques.

Et maintenant…

voici le temps de regarder avec attention, acuité, discernement ce qui se passe autour de nous, ici ou ailleurs,

voici le temps de reconnaître des formes de paix, de justice et de fraternité peut-être étonnantes mais véritables,

voici le temps de reconnaître et de témoigner du besoin que nous avons d’autrui, de l’autre, de l’étranger, pour devenir humains et pour le devenir ensemble.

Dominique HERNANDEZ

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