Prédication du 29 juin 2025
de Catherine Axelrad
Paul à Damas : un rendez-vous fondateur
Lectures : Galates 1, 11-12 et 1-17 et Actes 9, 1 à 19
Introduction
A la Pentecôte nous avons entendu comment l’esprit saint a suscité la naissance de l’Eglise. Cela nous est raconté au début du livre des Actes, dont nous savons qu’il a le même rédacteur que l’évangile selon Luc. Dans les chapitre suivants on peut lire des informations sur la suite de cette naissance : les débuts de l’église, la vie des premières communautés, d’abord judéo-chrétiennes, puis les adhésions de craignants-Dieu – des baptêmes par centaines puis par milliers, avec le baptême de l’éthiopien dont Dominique nous a parlé à la dernière fête de l’amitié ; mais aussi, dans le même temps, le rejet par les juifs qui expulsent les premiers chrétiens des synagogues, le début des persécutions et aussi, bien sûr, le début des conflits entre les différentes communautés ou les différents courants. Aujourd’hui je vous propose nous intéresser à un événement fondamental dans l’histoire de l’Eglise des premiers siècles, et même dans l’histoire de l’Eglise universelle. Un événement sans lequel l’Eglise se serait peut-être développée autrement, ou pas du tout ; en tous cas elle aurait sans doute été très différente. Cet événement, Luc a tellement conscience de son caractère fondamental que dans le livre des Actes, écrit entre 80 et 90, il le raconte trois fois : aux chapitres 9, 22 et 26. Nous allons entendre le premier de ces trois récits, le plus détaillé, mais avant nous entendrons la même histoire racontée par celui à qui elle est arrivée. C’est un événement historique – les faits ne se sont peut-être pas passés exactement comme ils sont racontés, mais l’événement a certainement eu lieu. Il a eu lieu au premier siècle, dans les années 32 à 35, à peine quelques années après la crucifixion de Jésus, la résurrection et la première Pentecôte. A cette époque les premiers chrétiens, qui ne s’appellent pas encore comme ça (ils disent deux-même qu’ils sont « de la voie »), sont presque tous juifs – ils continuent à fréquenter les synagogues, mais comme ils y parlent justement de « la voie », en affirmant que Jésus était bien le Christ, le messie tant attendu, et comme ils parlent même de sa résurrection, ils sont de plus en plus mal vus par les autorités juives, qui essaient de les persécuter, avec ou sans l’aide des Romains. Dans les années 35 à 37, celui à qui cette histoire est arrivée a lui aussi environ trente-cinq ans – c’est un homme cultivé, parlant grec et latin, sachant l’hébreu, pharisien fils de pharisien – quelqu’un qui a été élevé selon la tendance la plus stricte de la religion juive. Il est aussi citoyen romain et notre théologien protestant Daniel Marguerat, qui s’est beaucoup intéressé à lui, pense qu’il a probablement deux noms : un prénom juif, Saül (celui du premier roi d’Israël) et un prénom romain, Paulus. Au début, en tant que juif, il utilise uniquement le premier, Saul (cela se prononce plutôt Shaoul mais je vais garder notre prononciation à la française. Saul est très attaché à la foi de ses pères, au point d’en être fanatique – il a assisté à la lapidation d’Etienne dont Didier You nous a parlé récemment, il est connu comme persécuteur, rien que son nom fait peur à ceux de la Voie ; il a déjà participé à une « mission » de juifs hellénistes – de juifs grecs – une mission qui a déjà bien marché en Syrie, où il a raflé pas mal de monde – il s’agissait de repérer dans les synagogues ceux qui parlent du Christ, pour les faire exclure et en ramener certains comme prisonniers à Jérusalem. Saul est un homme sincère, mais son fanatisme le rend bien sûr intolérant, on verra pourquoi tout à l’heure. De toutes façons, vous l’avez compris, comme à beaucoup de moments dans la Bible, l’heure n’est pas à la tolérance. Pour l’instant, Saul est en route avec une petite troupe, et il se dirige vers Damas ; ce pharisien, le grand-prêtre de Jérusalem lui fait tellement confiance qu’il lui a donné une lettre de recommandation pour les prêtres des synagogues de Damas, pour qu’ils l’accueillent et le laissent faire son enquête.
Donc l’événement se passe dans les années 35-37, il a été raconté et reraconté. Nous allons entendre deux lectures, deux récits qui nous en parlent. Le premier récit est fait par Saul lui-même – entre temps il a changé de nom et repris son nom romain de Paulus – qui écrit dans les années 57-59, donc plus de 20 ans après l’événement ; le deuxième est écrit encore plus tard, entre 80 et 90, par l’auteur de l’évangile selon Luc et des Actes des Apôtres.
Lectures bibliques
Galates 1, 11-12 et 1-17
11 Or je vous fais connaître, frères, que l’Évangile qui a été annoncé par moi n’est point selon l’homme ;
12 car je ne l’ai reçu ni appris d’un homme, mais par une révélation de Jésus-Christ. […]
15 Mais quand il plut à Celui qui m’avait mis à part dès le sein de ma mère, et qui m’a appelé par sa grâce,
16 de révéler en moi son Fils, afin que je l’annonçasse parmi les païens, aussitôt, je ne consultai point la chair et le sang,
17 et je ne montai point à Jérusalem vers ceux qui avaient été apôtres avant moi ; mais je m’en allai en Arabie, et je revins de nouveau à Damas.
Actes 9, 1 à 19
1 Cependant Saul, qui respirait encore la menace et le meurtre contre les disciples du Seigneur, se rendit chez le grand prêtre
2 et lui demanda des lettres pour les synagogues de Damas ; s’il y trouvait quelques-uns, hommes ou femmes, qui étaient de la Voie, il pourrait ainsi les arrêter et les amener à Jérusalem.
3 Il était en chemin et approchait de Damas quand, soudain, une lumière venant du ciel resplendit tout autour de lui.
4 Il tomba à terre et entendit une voix qui lui disait : Saoul, Saoul, pourquoi me persécutes-tu ?
5 Il répondit : Qui es-tu, Seigneur ? – Moi, je suis Jésus, celui que, toi, tu persécutes.
6 Mais lève-toi, entre dans la ville, et on te dira ce qu’il faut que tu fasses.
7 Les hommes qui voyageaient avec lui s’étaient arrêtés, muets de stupeur ; ils entendaient la voix, mais ils ne voyaient personne.
8 Saul se releva de terre et, bien qu’il eût les yeux ouverts, il ne voyait rien ; on le prit par la main pour le conduire à Damas.
9 Il resta trois jours sans voir, et sans rien manger ni boire.
10 Or il y avait à Damas un disciple nommé Ananias.
11 Le Seigneur lui dit, dans une vision : Ananias ! Celui-ci répondit : Je suis là, Seigneur ! Le Seigneur lui dit : Va dans la rue appelée la Droite et cherche, dans la maison de Judas, un nommé Saul de Tarse. Car il prie,
12 et il a vu en vision un nommé Ananias, qui entrait et lui imposait les mains pour qu’il retrouve la vue.
13 Ananias répondit : Seigneur, j’ai entendu dire par beaucoup de gens tout le mal que cet homme a fait à tes saints à Jérusalem ;
14 ici même, il a été investi par les grands prêtres de l’autorité pour arrêter tous ceux qui invoquent ton nom.
15 Mais le Seigneur lui dit : Va, car cet homme est l’instrument que j’ai choisi pour porter mon nom devant les nations et les rois, comme devant les Israélites ;
16 je lui montrerai moi-même tout ce qu’il lui faudra souffrir pour mon nom.
17 Ananias partit ; lorsqu’il fut arrivé dans la maison, il posa les mains sur lui et dit : Saoul, mon frère, le Seigneur Jésus, qui t’est apparu sur le chemin par lequel tu venais, m’a envoyé pour que tu retrouves la vue et que tu sois rempli d’Esprit saint.
18 Au même instant, il tomba de ses yeux comme des écailles, et il retrouva la vue. Il se leva et reçut le baptême ;
19 et, après avoir pris de la nourriture, il retrouva ses forces.
Prédication
Voilà, nous venons d’entendre, raconté de deux manières différentes, à deux époques différentes et par deux personnes différentes, un des événements les plus importants de l’histoire de l’église, c’est-à-dire de notre histoire. On l’appelle le plus souvent la conversion de Paul sur le chemin de Damas. C’est le modèle de ce qu’on appelle un récit de conversion. Le mot conversion vient du verbe hébreu revenir, Chouv – revenir, comme lorsque le prophète Esaïe dit au peuple revenez, revenez à Dieu – cela signifie aussi changer radicalement – en grec on parle de métanoïa ; dans les actes des apôtres, à la même époque, on trouve deux autres conversions, celle de l’eunuque éthiopien que j’ai déjà mentionnée, et celle du centenier romain Corneille (dont je vous parlerai la semaine prochaine). L’histoire de l’église universelle est remplie de conversions – plus ou moins bruyantes ou discrètes, plus ou moins spectaculaires selon les cas – plus la situation d’origine est dramatique et négative, comme celle de Saul, plus la conversion sera impressionnante – mais qu’est-ce que c’est, une conversion ? C’est pour avoir l’occasion d’y réfléchir avec vous que je vous ai proposé ces lectures. D’abord, bien sûr, il y a plusieurs sortes de conversions – se convertir ça peut vouloir dire changer de religion, ou même simplement de confession – ça peut aussi vouloir dire changer de vie, changer tout court. Mais je pense qu’il faut se demander ce qui se passe dans l’esprit de celui qui se convertir, qu’est-ce qui est à l’origine de sa conversion. Paul a sa réponse bien sûr, nous l’avons entendue : il a reçu une révélation de Jésus-Christ. Il le dit de manière beaucoup plus discrète que Luc, dans son propre récit il n’y a ni voix ni vision, mais il le dit très clairement, sa conversion est un acte de Dieu : « Il a plu à Dieu de révéler en moi son fils ». Pour réfléchir à ce phénomène, je voudrais prendre un autre exemple de conversion, dont nous avons tous entendu parler sans forcément en connaître l’histoire. Je pense aux paroles du cantique Amazing grace « I once was dead, but now I live, was blind, but now I see » – j’étais mort, maintenant je vis, j’étais aveugle, maintenant je vois – mais je pense surtout à l’auteur de ces paroles, écrites au 18ème siècle par le révérend John Newton (aucun rapport avec le savant Isaac Newton, celui qui a découvert la gravitation universelle). John Newton n’a pas toujours été un homme d’église, ni même un croyant. Pendant la première partie de sa vie, cet anglais était capitaine de bateau, et pas n’importe quel bateau : il gagnait sa vie en faisant le commerce des esclaves, des êtres humains qu’il amenait d’Afrique jusqu’en Amérique du Nord. Mais en 1748, pendant un violent orage, il a eu tellement peur qu’il s’est mis à prier, en promettant à Dieu d’arrêter cette atroce activité si son bateau était sauvé. Il a quand même pris le temps de la réflexion, mais il a définitivement arrêté six ans plus tard, puis il a commencé ses études de théologie, il est devenu pasteur et il a même milité pour l’abolition de l’esclavage (1807). Mais si je parle de lui aujourd’hui, c’est parce qu’il me semble que la manière dont sa conversion s’est passée peut nous aider à comprendre le fonctionnement d’un grand nombre de conversions, peut-être même de toutes les conversions. Si John Newton, quand il a eu peur et qu’il s’est mis à prier, a juré d’arrêter de transporter des esclaves, c’est qu’il savait bien, au fond, et sans doute depuis très longtemps, il savait bien que c’était mal et contraire à la volonté de Dieu. Il savait qu’il gagnait de l’argent de manière ignoble, il savait que les personnes qu’il transportait étaient des êtres humains à part entière, des gens dont il était en train de détruire la vie. Il savait qu’il commettait un crime, de multiples crimes à chaque voyage. Mais il ne voulait pas le savoir, c’était un homme divisé – il faisait taire de son mieux la voix de sa conscience, il refoulait avec violence le sentiment de fraternité qui l’aurait obligé à changer – à changer radicalement de façon de penser, de façon de vivre – ce sentiment qui l’aurait obligé à se convertir, il n’en voulait pas – il a fallu cette grande peur pour l’obliger à être enfin sincère avec lui-même, pour le libérer du mensonge et lui permettre de retrouver son unité intérieure. Lui permettre de vivre et d’aimer comme il le désirait au fond depuis si longtemps.
Bien sûr, la conversion de Paul est très différente, ne serait-ce qu’à cause du contexte historique. Et puis on a tendance quand on parle de conversion à opposer deux types d’expériences – ceux qui ont une révélation lente, maturée, comme Augustin par exemple, et ceux qui auraient une révélation brutale, comme Paul ou comme ce capitaine John Newton. Mais peut-être que ces révélations qui arrivent d’un seul coup sont en réalité moins brutales qu’elles en ont l’air ; peut-être que le choc permet simplement à la personne concernée d’entendre quelque chose qu’elle savait déjà, mais qu’elle essayait de ne pas entendre pour ne pas être obligée de changer. Si on regarde non pas ce qui est dit, mais ce qui se passe dans la vie de Saul, qu’est-ce qu’on voit. Un fanatique, oui, mais pourquoi ? S’il pensait vraiment que les adeptes de ce prétendu messie sont des fous qui disent n’importe quoi, ou même des blasphémateurs, est-ce que ça vaudrait la peine de les pourchasser aussi violemment ? Mais si Saul comprend dès le début qu’un messie crucifié, qui fait encore ricaner les Romains, risque de remettre en cause non seulement le fonctionnement, mais aussi les fondements de la foi telle qu’il l’a toujours connue, alors oui, on comprend qu’il soit fanatique ; dans quelques années, c’est pourtant lui, le pharisien Saul devenu Paul, qui écrira « nous prêchons un messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les nations ». Il l’écrira quinze ans plus tard mais je crois qu’il l’a toujours su, et qu’il n’a pas attendu cet éblouissement sur le chemin de Damas pour comprendre l’extraordinaire transformation que le message de Christ allait apporter, ni même pour comprendre que ce message s’adresse au monde entier. Et cela peut expliquer deux choses : d’abord la violence de son opposition des premiers temps, celle d’un fanatique qui veut défendre une tradition qu’il sait menacée, et qui lutte peut-être aussi contre lui-même, pour étouffer en lui-même le début d’un amour passionné, un amour interdit. L’autre chose que l’on comprend mieux aussi, c’est pourquoi dans quelques années Saul devenu Paul n’aura aucune objection à annoncer l’évangile aux non-juifs et à proclamer l’universalité du message. Oui, je pense que dès le début, dès que Saul avait entendu parler de l’histoire de Jésus, il avait compris toute la radicale nouveauté du message chrétien – il a tout compris, il le sait, mais pour qu’il lâche prise, pour qu’il cesse de s’accrocher à la loi, il va falloir quelque chose d’énorme – pour qu’il cesse d’être cet être divisé, qui lutte de toutes ses forces au moins autant contre lui-même que contre ceux qu’il persécute, il faut un choc violent, une rencontre qui le déstabilise totalement, une rencontre qu’il vit comme une fulgurance lumineuse et qui le laisse en effet, pour un temps, aveugle. Avant ce choc, Saül luttait de toutes ses forces pour refuser le Christ, parce qu’il avait déjà compris que s’il commençait à y croire, cela risquait de remettre en cause toute la tradition juive, et cette tradition il y croyait – la tradition le rassurait, donc elle l’aidait à vivre, mais en même temps elle l’emprisonnait et l’empêchait d’aimer; sa conversion est donc d’abord l’expérience d’une libération – une libération qui va lui permettre de retrouver son unité en répondant à l’appel qu’il ne voulait pas entendre, et en entrant toujours plus profondément dans la révélation du mystère – au point que c’est lui qui dans quelques années posera les bases de la théologie chrétienne, c’est lui qui écrira aux juifs chrétiens de Rome : « il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. En effet, la loi de l’esprit de vie en Jésus-Christ t’a libéré de la loi du péché et de la mort ».
Alors deux questions peuvent se poser. La première c’est celle du rôle de Dieu dans une expérience de conversion qui serait d’abord, comme je viens de le dire, une manière pour la personne de retrouver son unité, de réconcilier ses aspirations les plus profondes – et bien je crois que Dieu est là, justement – c’est dans cette libération qu’il se laisse trouver. D’une manière ou d’une autre, de manière spectaculaire pour les uns, moins violente pour d’autres, Dieu qui accompagne et permet cette libération. Saul devient Paul mais il ne devient pas un autre homme, il a toujours la même volonté, la même énergie – simplement il va les mettre au service de celui qui l’a libéré. Et pour nous ici, comme pour Saul il y a presque 2000 ans, c’est en Jésus-Christ que Dieu accompagne et permet cette libération, quelle que soit sa forme.
La seconde question est celle du rôle de l’Eglise dans cette libération – je ne parle pas des institutions ni d’aucun pouvoir bien sûr, mais du rôle d’un simple croyant, Ananias (aucun rapport avec le malheureux mari de Saphira dont il est question à un autre moment) ; Ananias, membre de la petite communauté de Damas – Damas, où comme l’actualité nous l’a récemment rappelé, les croyants sont de nouveau persécutés aujourd’hui – Ananias est tellement croyant qu’il est capable d’oublier sa peur et de reconnaître dans le persécuteur un frère qui a besoin de lui, parce qu’il a besoin de l’église ; plus tard Paul va fonder de multiples communautés, il va faire vivre et grandir l’église dans son universalité ; tout en restant concerné par le judaïsme, il mettra au service du Christ la même énergie qu’il mettait à le persécuter. Mais dans un premier temps, pour assumer ce qui lui est littéralement tombé dessus, il a d’abord besoin de le vivre en communauté, c’est-à-dire en église. Or dans cette histoire, celui qui représente l’église c’est justement ce croyant de Damas – et je le trouve très émouvant cet Ananias qui trouve le courage d’aller au devant du persécuteur, pour l’accueillir dans l’Eglise en le baptisant et en lui rendant la vue. En préparant cette prédication, je me suis posé une question un peu absurde, je me suis soudain demandé ce qui se serait passé, et où nous en serions aujourd’hui si Ananias était resté sagement chez lui ; mais heureusement, il a entendu la demande de Dieu, et comme le dit Daniel Marguerat : « Celui qui deviendra le grand Paul doit son insertion dans la communauté à un obscur croyant de Damas, dont Luc nous a miraculeusement préservé le nom, Ananias ».
Nous le savons bien, nos conversions sont beaucoup moins spectaculaires que celle de Paul. Je ne sais pas s’il faut le regretter ou s’en réjouir, mais c’est un fait, nous vivons nos éventuelles rencontres avec Christ de manière nettement plus modérée ; nous avons souvent bien du mal à l’entendre, et encore plus à le reconnaître. Et puis souvent, contrairement à celle de Paul, nos conversions ne sont pas définitives – il nous faut plus de temps ; nous pouvons vivre plusieurs conversions, ou aucune, ou tardivement, ou partiellement ; il nous faut du temps avant de parvenir à accepter la libération et l’unité intérieure que Christ ne cesse pourtant de nous offrir. Mais l’expérience de Paul nous montre que quelle que soit sa forme, la conversion est un chemin désirable et fertile ; c’est un chemin qui donne un sens à notre vie, un chemin qui nous permet de trouver notre unité, un chemin qui nous libère et qui nous permet de servir – quand il plaît à Dieu de révéler en nous son fils.