Courant libéral

Depuis ses origines, le protestantisme compte une composante libérale qui, selon les époques, s’est plus particulièrement manifestée dans tel ou tel domaine de la réflexion théologique et de la vie ecclésiale.

Sur certains points, Zwingli peut ainsi être considéré comme plus libéral que Calvin, notamment en raison de son ouverture au courant humaniste, et donc aux préoccupations de ses contemporains.
De même, au XVIIIe siècle, le libéralisme ne cherchera pas à s’opposer à la philosophie des Lumières comme le firent, du moins en partie, les mouvements de Réveil qui ont pu la percevoir comme une menace pour la foi. L’attitude libérale considérera au contraire que les valeurs de liberté et de tolérance s’inspiraient de l’enseignement de l’Évangile et que les arguments de raison avaient toute leur place en théologie, tant en dogmatique qu’en exégèse biblique.

Il n’est guère de religions qui ne soient traversées par un courant « libéral », au sens théologique du terme. Avant de le définir en opposition à un autre, on pourrait dire que ce courant de pensée se caractérise par le souci de se «libérer» des contraintes du dogme et de l’institution, ainsi que des pesanteurs sociologiques qui, fatalement ont tendance à les figer et à les rigidifier. La coexistence entre les différents courants théologiques du protestantisme n’a hélas pas toujours été très pacifique. Comme on le sait, en France, la querelle entre « orthodoxes » et « libéraux » a été à l’origine d’une longue et douloureuse déchirure au sein du protestantisme réformé qui, des années 1880 à 1938, a compté jusqu’à trois Églises concurrentes.

Le point névralgique de la théologie

Si l’on ne voulait retenir qu’un seul critère de définition, on pourrait dire du libéralisme protestant qu’il n’oppose pas d’une manière radicale Parole de Dieu et parole humaine. Certes, quand Dieu parle à l’homme, c’est lui et lui seul qui parle. Et réciproquement. Mais comment Dieu pourrait-il parler aux hommes autrement que dans leurs propres langues? On objectera que Dieu ne manie la langue des hommes que pour mieux se faire comprendre d’eux. Sans doute, mais, si tel est le cas, on ne voit pas très bien comment sa parole pourrait être démêlée de la nôtre. Ainsi, quand la Bible dit: «Et Dieu dit…», il faut comprendre en fait « qu’un homme (le rédacteur du texte biblique) dit que Dieu dit».

Une confiance dans l’humain

À partir de ce constat, le libéralisme ne voit d’autre issue que de faire pleinement confiance à la parole humaine pour dire, à sa façon et d’une manière toute relative, ce qu’elle croit être une Parole de Dieu. Et c’est de cette confiance obligée qu’il lui est alors possible de s’en remettre aux sentiments les plus humains susceptibles de s’exprimer, même maladroitement, dans l’expérience religieuse: la théologie« naturelle» (que Calvin lui-même n’exclut pas), le mysticisme et le rationalisme (l’un n’allant pas sans l’autre), l’approche historique du texte biblique, la philosophie religieuse, le dialogue avec les autres religions … Autant de chemins qui s’offrent à l’être humain en quête de vérités spirituelles et qui, depuis quelque temps, semblent avoir retrouvé toute crédibilité après avoir été longtemps dénoncés par une certaine orthodoxie protestante.