Les concerts du mois – Juin 2023

Les Cantates

Dimanche 4 juin
à 17h30

Cantate BWV 176
“Es ist ein Trotzig und verzagt Ding”

coordination artistique Elena Andreyev

La cantate Es ist ein trotzig und verzagt Ding fut composée pour le dimanche de la Trinité de 1725, à Leipzig. Ce dimanche est un jalon important du calendrier protestant,  Luther revendiquait la liberté de conscience pour le croyant, éclairé par le seul Saint-Esprit.
À la façon de Bach, grand symboliste, ouvrons ce concert de la Trinité (Dieu en trois personnes) par une pièce d’orgue avec trois bémols à la clef !
Comment Bach et sa librettiste Mariane von Ziegler allaient-ils traiter ce thème ? Ce serait à la première personne, de façon lucide et humble, sur le chemin de la foi sans laquelle nul salut.
Le texte biblique associé à ce dimanche (ce qu’on appelle « l’ évangile du jour ») tiré de l’Evangile de Jean (Jn 3, 1-15) leur offre un presque Monsieur tout-le-monde, en la personne de Nicodème.
Nicodème vient questionner Jésus de nuit, pour ne pas être vu. Il apparaît ensuite deux autres fois dans le récit de l’apôtre, la dernière pour embaumer le corps du Christ supplicié. Son parcours dessine donc une foi toujours plus affermie.
Dans la cantate, l’attitude de Nicodème nous semble commentée par un simple croyant et sa crainte du jour devient symbole d’une vérité divine si éclatante qu’elle intimide.
Surtout, Bach et sa librettiste installe un amont, un pire : ils ouvrent leur cantate sur une sentence accablante de l’Ancien Testament (Jérémie, 17, 9). Une fugue à quatre voix lancée sans aucune introduction : chaos, effroi, débandade pour qualifier le cœur de l’homme !
Ainsi précédé, Nicomède semble plutôt un « héros positif », s’extirpant du magma sonore.
C’est sûr, il avance sur la pointe des pieds, la musique autour de lui est prudente. Le texte du récitatif d’alto lui oppose un chef des armées d’Israël, venu de l’Ancien Testament, autrement audacieux.
Puis, petit à petit, comme Nicodème, les voix solistes qui se succèdent vont montrer une foi de plus en plus assurée.
Le premier air, pour soprano, adopte un rythme de danse, encore révérencieuse, mais le ton est déjà lumineux. Le récitatif de basse est d’abord hésitant puis il s’élance en un chant fluide, reprenant les derniers mots de Jésus dans son entretien avec Nicomède.

Interrompons le cours de la cantate pour entendre le choral pour orgue BWV 684 de Bach adapté de l’hymne de Luther Christ notre Seigneur vint au Jourdain recevoir le baptême. Ce baptême, naissance par l’Esprit pour les chrétiens, qui fait du cœur de l’homme tout autre chose que ce que l’introduction chorale nous en a dit.
La cantate débouche sur un dernier air. Le ton est allègre. Les trois hautbois qui jouent à l’unisson, comme un seul, figurent la Trinité.
Le choral final croise les références : le texte est de Paul Gerhardt, un des principaux auteurs de chants luthériens, la musique est reprise du choral qu’on vient d’entendre à l’orgue.
La triple fugue aux trois bémols achèvera cette évocation du dogme trinitaire.

Christian Leblé
Les Cantates.org

Fête de la Musique

Mercredi 21 juin
à 18h30

« Es ist ein Trotzig und verzagt Ding » 

Un aventure musicale
Œuvres de Bartok, Martini, Buxtehude…

Henri Paget à l’orgue