Tableau des cultes

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…….. 4 conférences de février ……..
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Conférences de février 1960

Comme tous les ans, les quatre dimanches de février seront consacrés, au Foyer de l’Âme, à des Conférences insérées dans le culte même de 10h15.
Le thème général de la série de 1960, présidée par M. le pasteur Château, sera :
« La Bible et notre Temps »
Dimanche 7 février. – L’apport exemplaire de la Bible à l’histoire des civilisations humaines. Le passé biblique à la rencontre de notre présent.
Dimanche 14 février. — Les grands thèmes bibliques dans la littérature française contemporaine, d’André Gide à Schwarz-Bart.
Dimanche 21 février. — La Bible et la Vie intérieure de l’homme moderne. Piété biblique et maturité d’esprit.
Dimanche 28 février. — La Bible et l’espérance œcuménique. Le message de l’écriture sainte aux églises et les problèmes de l’unité chrétienne dans le monde d’aujourd’hui.Les cultes commenceront à 10h15 très précises.

L’invitation

« Quand tu donnes un dîner, n’invite ni tes amis, ni tes parents, ni tes voisins riches; mais convie, les pauvres, les infirmes, les aveugles, sois heureux : ils ne pourront pas te le rendre ». St Luc 14:12-14.

Cette déclaration accumule, semble-t-il, les outrances. Elle est d’un maniement si délicat que nous lui réservons d’ordinaire les honneurs du silence. Raison de plus pour en parler…

Seulement, la difficulté n’est pas où il paraît : nous serions alors en pleine extravagance et le Maître de toute vérité n’était nullement un illuminé. Chacun de vous a bien compris que nous nous trouvions devant l’un de ces paradoxes qu’affectionnait Jésus, pour mettre en évidence le rude relief des vérités difficiles. Car le paradoxe n’est pas un jeu d’esprit : c’est une adjuration solennelle qui, sous une forme excessive, rappelle un devoir désagréable et un Dieu exigeant.

Les exemples ne manquent pas. Quand le Christ recommande à celui qui a reçu un soufflet de tendre l’autre joue il nous invite aux beaux pardons, et non à la lâcheté puisque souffleté lui-même, dans le prétoire, il n’a pas tendu l’autre joue mais s’est écrie : « Pourquoi me frappes-tu ! » (Jean 18:1-23). De même quand le Messie nous demande d’aimer nos ennemis, soit, mais aussi de haïr notre père et notre mère (Luc 14:26), il veut en réalité stigmatiser l’égoïsme à plusieurs que peut représenter un cercle, de famille soupçonneux et étroit. Pour revenir au dîner de notre parabole, les Evangiles nous montrent fort souvent Jésus à table avec des amis; Cana était un repas de noces, et l’invitation de Zachée n’était ni celle d’un pauvre, ni celle d’un ennemi. Le dernier repas, la Cène, la Saint-Cène, voulait être un dîner de disciples et de frères ; il ne dépendait pas de Jésus que Judas y figurât aussi.

Avant de dégager la signification spirituelle de notre texte et pour en marquer déjà le caractère concret, disons que notre foyer doit être intelligemment et largement ouvert à tous, et pas seulement aux élus de notre cœur. Accueillons, gâtons nos amis sans oublier ceux qu’éloignent de nous le milieu dit « social », le tempérament psychologique, la pauvreté, oh! la pauvreté. Il nous est arrivé a tous, il doit nous arriver encore de recevoir à notre modeste table des hôtes mal connus, à qui la vie avait été injuste ou cruelle et même des visiteurs singuliers, à l’état civil plutôt mal défini. Tant pis, tant mieux… Le devoir est évident ; mais il est si peu pratiqué que la rude semonce du Maître n’en est que plus nécessaire. Puisque nous parlons de cette faim très matérielle, évoquons ces lointains, ces douloureux convives qui, en ce monde, dans une proportion de deux sur trois, manquent du nécessaire. Zones immenses de notre globe ou les humains ont faim. C’est la justice qui est ici le seul remède, et non la « bienfaisance » si utile qu’elle soit. Aussi bien, le christianisme a-t-il d’autres ambitions que de professer une idéologie d’ouvroirs et une morale de soupes populaires. Il faut les soupes populaires; il faut surtout travailler a les rendre inutiles. Et c’est la tâche a laquelle le messianisme biblique invite les hommes de bonne volonté.

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Seulement, il faut inviter aussi les autres : ceux qui disent ne pas croire, ou bien qui croient, mais autrement que nous. Et. ici, quel monde de problèmes. Assurément, ces problèmes peuvent être tranchés d’un seul coup, soit par le scepticisme qui estime que toutes les invitations sont équivalentes et qui invite, mais sans conviction ; soit par le fanatisme qui, nous dit l’Évangile, « contraint les gens d’entrer » et leur impose une carte forcée, j’allais dire un menu obligatoire. Votre temps est trop mesuré pour que nous le perdions à établir que la solution ne se trouve ni du côté d’un dilettantisme inefficace, ni du côte d’une contrainte puérile ou hautaine.

Au-dessus de ces aspects pathologiques de l’action, nous trouvons, Dieu merci, autre chose, qui est l’expression loyale de nos convictions, l’attestation simple et virile d’une croyance dont l’apôtre Pierre nous recommande de rendre compte « avec douceur et avec respect ». Inviter c’est dire ; Homme, qui que tu sois, tu as le droit de savoir qui je suis. Derrière le masque des conventions sociales, par delà le réseau de mes cachettes, de mes stratagèmes ou de mes embuscades, voila l’homme que tu as devant toi. Ce visage, c’est le mien, cette lâcheté c’est la mienne, cette joie forte laisse-moi te dire où je l’ai trouvée, en quel coin inattendu du monde, sur quel sommet, à quelle source. Tu me dis que tu as, toi aussi ta source, et ton sommet? Et bien parlons, il faut parler des sommets et des sources. Nous divergerons? C’est possible. Mais deux hommes qui luttent collaborent et un semblant de combat ne peut donner qu’un semblant de victoire. En quoi, je vous le demande, une telle manière de manifester sa foi porterait-elle atteinte à la pudeur intellectuelle ou au respect des convictions d’autrui ?

D’autant que l’époque où nous vivons est très particulièrement celle des invitations. Il en est de suspectes, il en est d’émouvantes. Tout le monde invite, et tout le monde prêche. Les idéologies politiques ont forme de théologie, les programmes sont des credo, les partis sont des églises, avec professions de foi, excommunications, hérésies, confessions des péchés, absolution. La politique a cessé d’être une collection de recettes empiriques: elle entend assumer l’homme tout entier, lui fournir un système du monde, une règle de vie, et même une esthétique. Bref, elle ambitionne d’être une religion. En un sens, c’est très beau; un certain matérialisme sociologique a cessé d’être à la mesure de nos besoins puisque les systèmes économiques impliquent une conception de l’homme, sous-entendent ou même proclament une doctrine le plus souvent totalitaire, prétendant justement couvrir la totalité des problèmes de l’homme et du cosmos. Il est remarquable de constater à quel point les valeurs culturelles et sociales d’aujourd’hui sont susceptibles d’être traduites en propositions métaphysiques et en actes de foi. Quel hommage involontairement rendu à ce que nous avons toujours proclamé, à savoir que si l’homme vit de pain, il ne vit pas seulement de pain et qu’il doit conduire son existence, s’il ne veut pas la mutiler, avec tous les problèmes que pose cette existence : ceux de sa chair et ceux de son âme, ceux qui impliquent les combats d’ici-bas en vue d’un juste bonheur et d’une cité juste, aussi bien que les problèmes ordonnés à d’autres valeurs : les valeurs de notre personnalité profonde et de notre destinée, Car enfin en ce monde qui nous brise et aussi nous enchante nos ailes sont décidément plus grandes que notre nid. Nous sommes disproportionnés à notre cadre, bien loin d’avoir été modelés, équarris, limés, façonnés par lui : ainsi de certains navires dont les quais d’amarrage sont trop courts, parce qu’ils sont fait pour la haute mer.

Ces considérations, qui nous paraissent évidentes, guident et doivent guider l’attitude du christianisme dans l’immense confrontation qui s’opère entre les peuples, les cultures, les religions du monde. L’Asie, l’Orient, l’Afrique, n’entendent nullement être tenus à l’écart, pour des parents pauvres, spirituellement parlant. Une invitation chrétienne qui prendrait la forme d’une leçon plus ou moins marquée de paternalisme ou de condescendance se retournerait contre nous. Il existe même une espèce de bienveillance qui peut être ressentie comme un affront. Et je pense il ce roman au titre brutal mais suggestif « Leur sale pitié ». Oui : il y a une mauvaise pitié. Un homme malheureux a le droit de n’être pas plaint tout de suite. Avant son malheur, il faut prendre acte de son humanité. Invitons, invitons tout le monde avec respect, ceux qui sont dans les églises, ceux qui sont en dehors, ou contre elles. Il serait paradoxal que les hommes qui se réclament des prophètes, des apôtres, et de la simplicité terrible de la Croix observassent le silence. On ne nous reprochera pas de parler, si nous parlons aux conditions qu’exigent la loyauté intellectuelle, la chaude joie du cœur, l’amour vrai des hommes. Le Christ avait tous les droits ; mais il n’a pas use de celui d’humilier qui que ce fût, sauf à nous demander de nous humilier nous-mêmes d’une vie si souvent vécue sans clarté ou sans vertu.

***

Et voici, pour terminer, l’ultime pointe, l’ultime paradoxe! « Sois heureux : tous ces gens ne pourront pas te rendre ton invitation. »

D’ordinaire, nous recherchons des bonheurs un peu plus concrets. Une espèce de « donnant-donnant » vaguement inconscient régit une bonne part de nos rapports. Ici, tout utilitarisme est récusé. C’est, au bon sens du mot, l’acte gratuit, sans calcul, sans espoir de récompense, le seul qui vaille en vérité.

Il ne s’agit toutefois pas, il ne s’agit jamais, dans les Evangiles, de je ne sais quelle impassibilité morale, de je ne sais quelle froide indifférence aux conséquences intérieures de nos actes. On prétend que le philosophe Kant s’abstenait parfois de faire une bonne action de peur d’en être remercié. Le Christ voit bien plus simplement les choses. Nos pauvres, nos chères joies humaines sont parfaitement légitimes, quand elles accompagnent l’obéissance, quand elles éclairent l’humble service et les tendresses partagées. La parole « entre dans la joie de ton Maître » vaut toujours. Est-ce là une « récompense »? Oui, si la récompense est le sentiment qu’en croyant au devoir, en dépassant l’instinct et en ouvrant notre porte aux forts comme aux faibles, nous avons la conviction d’œuvrer pour autre chose que pour la vanité.

G. M.

Dans la paroisse

  • Sainte Cène – Le prochain service aura lieu le dimanche 6 mars, à l’issue du culte.
  • Étude biblique – Mercredi 10 février, ài 20 h. 45. St Jean. Les adieux et le consolateur. Chapitre 14.
  • Cercle d’Études – Comme tous les ans, la séance qui suit les conférences de février leur est consacrée. Mais le dernier dimanche étant le 28 février, la prochaine séance se tiendra, salle du Second, le jeudi 10 mars à 20 h. 45. Entretien sur les conférences, avec les Pasteurs Château et Marchal.
  • Club des jeunes – Comme d’habitude les convocations seront adressées à tous les membres du club, avec le détail des diverses réunions du mois. Responsable: Roland Friedel, 5, Boulevard Voltaire, Tel Roq. 01.52.
  • Obstacles à la foi – Le livre du pasteur Marchal est paru depuis le milieu de janvier. Il a été envoyé à tous les souscripteurs. En cas d’omission, prévenir M. Marchal. On trouve aussi cet ouvrage à notre comptoir de librairie (600 Francs, 6 NF).
  • Une erreur des imprimeurs, qui ont égaré le texte du « Témoin invisible » de Charles Wagner, en retarde la parution, annoncée il y a un an. Le nécessaire sera fait pour abréger au maximum les délais de réédition de ce beau livre.

Une initiative

Amis de nos Eglises,

Vous connaissez l’effort tout particulier que suppose l’afflux annuel de 200.000 provinciaux dans la région parisienne. De nouveaux problèmes s’imposent à nos Eglises et nos autorités synodales y apportent toute leur vigilance. Un vaste programme de réalisations est d’ailleurs en cours. L’Église de Villeneuve-Saint-Georges, ainsi que la région de la banlieue qu’elle dessert, fait partie, naturellement, de ce plan d’ensemble. Toutefois, elle a son problème propre. M. le pasteur Wallet. qui est à son service, y exerce un ministère d’un rare rayonnement spirituel. Mois un grave accident l’a privé de ses membres inférieurs. Malgré cette terrible épreuve, qui à vues humaines, aurait dû mettre un terme il sa mission paroissiale, M. le pasteur Wallet a repris ses activités avec un courage et une foi dont l’allant est pour tous un exemple et un enseignement. Ses paroissiens, ses amis n’ont pas voulu s’en remettre de leurs responsabilités personnelles aux seules initiatives, d’ailleurs si effectives, de la région. Pour aider leur pasteur et faciliter ses déplacements, pour contribuer a résoudre les difficultés dues à son infirmité par la construction d’un presbytère de plain pied, ils ont résolu :

  1. d’organiser un concert spirituel dont vous trouverez le programme dans la presse protestante, et qui aura lieu au temple du Saint-Esprit, le samedi 13 février à 21 heures.
  2. de vous demander de faire un geste de solidarité en nous envoyant un don.

En vous exposant à la fois nos préoccupations et nos espérances, nous nous assurons que vous accueillerez notre requête dans le même esprit de simple confiance qui nous pousse à vous la présenter. Veuillez, Amis de nos Eglises, croire à notre grande et fraternelle gratitude.

Pour le Comité des Amis de l’Eglise de Villeueuve-Saint-Georges. Pasteurs Georges Marchal et Ch. Westphal.

P. S. – Prière de bien vouloir adresser les dons par mandat ou chèque bancaire exclusivement. à M. le Pasteur G. Marchal, 68, boulevard Beaumarchais, Paris-XIème.

Dernière heure

Dans le drame angoissant que les événements d’Alger ont provoqué, et dont nul ne peut prévoir l’issue, la Fédération protestante de France, a rendu publique une déclaration dont la grande majorité de nos coreligionnaires a approuvé l’esprit et l’intention. La voici :
Le Conseil de la Fédération protestante de France, réuni sous la présidence de M. le pasteur Marc Boegner, a adressée au Général de Gaulle Président de la République, le message suivant : Le Conseil de la Fédération protestante de France, réuni le 26 janvier 1960 à Paris, vivement ému et angoissé par les événements d’Alger, tient à exprimer à M. le Président de la République son respect et sa reconnaissance pour l’attitude résolue qu’il a prise dans cette douloureuse circonstance et lui a affirmé qu’il lui garde toute sa confiance pour sauvegarder l’autorité de l’Etat, faire respecter la légalité républicaine et promouvoir la réconciliation nationale.