Chrétiens et citoyens

« Chrétiens et citoyens, nous sommes de notre temps et nous le sommes de tout notre cœur. »

Cette affirmation de la charte du Foyer de l’Âme est une manière d’exprimer que la foi en un Dieu libérateur, à la suite du Christ vivant et fraternel, se traduit en une présence dans le monde assumée et responsable. Ce que nous croyons irrigue notre être au monde dans tous les domaines de l’existence et est associé aux divers engagements que les uns et les autres choisissons, que ce soit dans une militance particulière ou dans notre mode de vie quotidien.

Ce que nous croyons s’enracine pour chacun et chacune dans l’écoute de la Parole, en particulier au travers de la lecture et de l’interprétation des Écritures, et dans la profonde et essentielle conviction de la grâce seule et inconditionnelle. Dans le cadre citoyen qui est le nôtre, celui de la République – la chose publique et commune – et de la laïcité – par laquelle aucune religion ne peut s’imposer, le protestantisme libéral, si attaché à la liberté de conscience, s’inscrit sans difficulté, ce qui ne signifie pas sans critique. Car l’Évangile qui éclaire le regard et l’Esprit de liberté qui inspire la parole ne conduisent jamais à des attitudes lénifiantes, complaisantes ou repliées.

Les Écritures, dans la Bible hébraïque ou dans le Nouveau Testament, prennent en compte la dimension politique de l’existence humaine, des Hébreux appelés à devenir un peuple libre et responsable aux églises à qui Paul écrit sur des sujets de vie quotidienne et de rapport à la société, de l’établissement de la royauté en Israël à la vaste fresque du livre de l’Apocalypse. Les auteurs bibliques pointent parfois avec virulence (et toujours avec pertinence) les risques et les dangers que fait peser tout ordre politique et social sur les hommes et les femmes. Ils dénoncent avec vigueur les injustices commises par ceux qui prétendent gouverner au nom de Dieu, les tentations auxquelles succombent ceux qui veulent le pouvoir et/ou la richesse, les discriminations des nationalismes, les fondements des empires, les manipulations et les contradictions des foules.

L’Évangile n’est pas le garant d’un ordre social, même si des Églises ont été et sont tentées ou poussées par ce registre. L’Évangile est la Bonne Nouvelle d’une reconnaissance inconditionnelle de chaque humain comme sujet digne, capable, responsable et relié à autre que lui.

Dominique IMBERT-HERNANDEZ

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