Les concerts du mois – Décembre 2021
Les Cantates
Dimanche 5 décembre – 17h30
Cantate BWV 62
« Nun komm der Heiden Heiland »
Coordination Freddy Eichelberger
Le culte-cantate
Dimanche 5 décembre – 15h30
pour le temps de l’Avent
Nous vous invitons à partager, comme au temps de JS Bach,
un moment rare qui intègre, à l’intérieur d’un culte,
la cantate qu’il venait d’écrire.
Culte et prédication :
la pasteure Dominique Hernandez
Cantate BWV 62
“Nun komm der Heiden Heiland”
Coordination Freddy Eichelberger
La cantate sera intégrée dans le culte comme c’était le cas à Leipzig et la méditation portera sur le texte de Matthieu 21, 1-9, l’entrée de Jésus à Jérusalem : c’était l’un des textes bibliques médités lors du culte pour lequel la cantate a été écrite, le 3 décembre 1724.
Les musiciens, tous bénévoles, sont réunis par le coordinateur dans le respect de l’instrumentation et des parties originales. Sauf exception, il n’y a ni chef d’orchestre, ni chef de chœur ; les cantates sont montées avec une courte répétition, dans des conditions très semblables à celles de leur création par JS Bach. C’est l’un des seuls lieux au monde où le continuo de la cantate est réalisé, non pas sur un petit coffre de substitution, mais au grand orgue. Un autre objectif est de choisir des cantates accordées au temps liturgique. Ce sera le cas cette année encore, pour l’Avent.
Rappelons enfin que l’orgue du Foyer de l’Âme a été reconstruit en 2009 dans l’esprit des orgues de Thuringe au 18ème siècle
La cantate Nun komm, der Heiden Heiland fut composée à Leipzig pour le premier dimanche de l’Avent 1724. C’est l’une des trois seules cantates de Bach pour ce temps liturgique qui nous sont parvenues. Elle a pour base la traduction allemande réalisée par Luther en 1524 du Veni Creator Gentium, hymne établi au IVe siècle par Ambroise de Milan. Bach avait déjà composé une première cantate sur ce choral dix ans plus tôt, bien avant son installation à Leipzig.
Cette cantate est à la fois miracle de l’incarnation, promesse de la rédemption, ombre de la Passion, concentrant ainsi l’année liturgique en même temps qu’elle l’inaugure.
Le premier chœur s’ébroue dans des traits de cordes et de hautbois qui suggèrent une attente fébrile, puis surgit des tréfonds du sonore le thème du cantique de Luther : Dieu fait irruption dans le monde.
Cet hymne va être énoncé, brandi, claironné en quatre interventions par les sopranos, au-dessus d’un contrepoint écrit par Bach où se tressent encore les phrases de Luther.
Cette jubilation n’est pas pure allégresse, elle s’inscrit dans un climat assez grave. Bach a choisi d’écrire son chœur d’ouverture en si mineur : le destin d’homme du Dieu sur Terre promis à la Passion est inscrit dans le filigrane de sa musique.
Le premier air est celui d’un messager enthousiaste. Le ténor en témoigne à chaque instant par de longues vocalises ! Le texte très court est répété infatigablement, comme porté de maison en maison.
Le deuxième air, pour basse, est opératique, épique, digne d’un héros à la Haendel.
Le combat à mener ? Etre fort pour les hommes. La musique, ligne quasi-interrompue de doubles-croches et croches, dessine une progression à laquelle rien ne peut s’opposer.
La version présentée pour ce concert relève de l’expérience et de l’aventure : en effet, dans les parties séparées originales des violons et des alti -celles qui nous sont parvenues de l’époque de Bach- la musique est notée en clef de fa, ce qui n’est pas l’usage. Bach voulait-il que les mêmes musiciens prennent d’autres instruments plus graves pour accentuer la solidité de l’air ? Pour en avoir le cœur net, ce sont des violoncelli da spalla -de petits violoncelles tenus sur la poitrine grâce à une sangle passée derrière le cou- qu’utiliseront les instrumentistes. Une sonorité inouïe !
Avant la conclusion chorale s’insère un duo soprano-alto aux accents de pastorale. Les deux voix superposées n’ont plus le caractère absolu du solo, le rythme est lent et plein de précaution, les notes longues tenues par les cordes produisent l’effet d’un bourdon archaïque… Ce chemin vers la crèche mène à la prière de louanges finale, dernière strophe du cantique de Luther, arrangé à quatre voix.
Christian Leblé
Les Cantates.org