Les concerts du mois – Février 2023

Les Cantates

Dimanche 5 février
à 17h30

Cantate BWV 46
“Schauet doch und sehet”

Coordination artistique : Marine Fribourg

La cantate Schauet doch und sehet, ob irgend ein Schmerz sei fut composée par Bach à Leipzig, en août 1723, pour le Dixième dimanche après la Trinité. Elle exploite un registre particulièrement émotionnel pour suggérer la toute-puissance divine et, en regard, l’humanité vulnérable.

La cantate s’ouvre sur un champ de ruines. C’est Jérusalem détruite, un fait historique du sixième siècle avant l’ère chrétienne et que le prophète Jérémie dans l’Ancien Testament (Lm 1,12) attribue à Dieu, dont la colère s’est abattue sur la cité.

Le chœur qui s’élève est tout en déploration. Sa lente procession est menée par les flûtes à bec et leur son fait comme un voile funèbre au cortège. Puis c’est comme un flash-back. Après ce prélude écrasé de douleur, une fugue semble rejouer la catastrophe : le son enfle, le chant s’éparpille, de plus en plus effrayant.

Puis Bach, en cinéaste, s’approche  d’un homme dans les décombres qui délivre son message accablant.
Dieu a abandonné Jérusalem. Pire, il s’est chargé lui-même de la punir. Voix torturée du ténor, cordes pétrifiées dans la désolation, et les flûtes cherchant leur route dans une harmonie hagarde.

Le chœur initial a cité l’Ancien Testament quand le récitatif, lui, fait référence au Nouveau Testament avec les propos du Christ promettant à nouveau la destruction de Jérusalem (Lc 19, 41-48). Le livret de la cantate emboite allègrement les époques. Son propos, c’est la menace qui pèse sur l’homme.

Au centre de la cantate, Bach fait exploser le volcan de la fureur divine, dans un air de vengeance comme l’opéra en connait, une fulmination effrayante. La trompette aveuglante est là et les cordes ont le geste répété d’un acharnement sans pitié. L’air regorge de ces trilles, qui de Tarzan aux Walkyries propagent l’effroi sonore.

Après ce fracas plus vrai que nature, pourtant, la cantate pivote (enfin !) vers un avenir d’espoir. L’alto qui intervient maintenant n’en laisse d’abord rien paraître. Son constat est cruel : vous y passerez tous !

Mais cette voix n’a pas fini de parler. Parce que… peut-être…
D’une voix de dernier survivant, elle invoque le Christ intercesseur. On marche sur des œufs. Bach a la surprenante idée de supprimer la basse continue. Les hautbois graves endossent le rôle du bon berger et l’on pourrait donner aux flûtes celui des âmes fragiles, sur le troupeau desquelles veille le Christ généreux. L’air de Buxtehude Jésus, vie de ma vie, mort de ma mort ne dit pas autre chose, qui rend grâce au sacrifice de Jésus pour les hommes sur son lancinant motif.

A cette ritournelle tendre succède le traditionnel choral final. C’est la neuvième strophe du cantique ancien O großer Gott von Macht. Bach l’a en quelque sorte décompacté, les phrases étant séparées par d’étranges chutes de flûtes, comme des drones laissant dans la musique une dernière sensation de péril.

Christian Leblé
Les Cantates.org

Chaconnes, Folias et Grounds

Vendredi 10 février
à 20h

de Ortiz, Kapsberger, Marais

Christine Plubeau – viole de gambe
Claire Antonini – théorbe
Charles-Edouard Fantin – guitare
Michèle Claude – percussions
Frédéric Rivoal – clavecin

Entrée libre