Les concerts du mois – Juin 2024

Les Cantates

Dernière cantate du cycle inauguré il y a plus de 20 ans !

Dimanche 2 juin
à 17h30

Cantate BWV 129
« Gelobet sei der Herr, mein Gott »

coordination artistique Freddy Eichelberger

La cantate Gelobet sei der Herr, mein Gott fut composée par Bach pour le dimanche de la Trinité, en 1726 ou 1727 pense-t-on, peu d’années après son installation à Leipzig donc. Si ce dimanche est un des plus importants du culte luthérien, Bach ne l’a pas abordé systématiquement de façon démonstrative : des trois cantates pour cette date qui nous sont parvenues, seule celle-ci déploie un fastueux effectif.

La cantate se construit sur un choral de louange écrit par Johann Olearius (1611-1684), l’un des plus prolifiques auteurs de cantiques du siècle précédent. Les cinq strophes, que Bach utilise in extenso, rendent successivement hommage au Père, au Fils, à l’Esprit saint, puis à la Trinité toute entière, avant une ultime exhortation.

Bach va caractériser de manière réjouissante chaque intervention. Et la première n’est pas la moindre ! Il s’agit à la fois d’un chœur introductif mais aussi d’un portrait en gloire du Dieu-père, et l’on comprend pourquoi, dans cette cantate, le compositeur devait déployer une instrumentation éblouissante. Tous les instruments sont à la manœuvre mais comment ne pas se réjouir des cuivres qui font briller leurs trois notes répétées avec la fierté d’un klaxon de décapotable italienne ! Les voix entrent en rangs serrés, les sopranos citant le choral original en notes longues, prises dans un dense tissage chanté qui, en imitations, décalages, retards, répétitions portent les mots à leur maximum d’intensité.

La sobriété qu’adopte Bach pour évoquer le Fils de Dieu est presque impérative : que faire sinon après un tel spectacle sonore ? Plus d’orchestre. Juste un timbre de voix, la basse avec laquelle Bach caractérisait toujours le Christ. Sur un rythme ternaire, la ligne vocale souple dessine un dieu humain.

Mais Bach n’est pas à un miracle près… Voici le Saint Esprit, troisième personnage de la Trinité, envoyé sur terre à la Pentecôte, immatériel et multiple. Il sera représenté par trois voix instrumentales -traverso, violon, basse continue- aux fugaces dédoublements, pendant que l’âme humaine, chantée par la soprano en fera la louange.

Une quatrième strophe est dédiée à la Trinité toute entière. Voici enfin le trio « pur » : voix d’alto, hautbois d’amour, basse continue, trois lignes pour un air au léger balancement, d’une ferveur affectueuse.

Comme toujours, la conclusion de la cantate se tourne vers la communauté des croyants réunis au temple : Bach revient au cantique original, que les paroissiens connaissaient parfaitement. Tout au long du texte, les instruments y vont de leur pirouette individuelle, presque spontanée, imitant la jubilation des anges. Cette cinquième et dernière strophe est brandie haut, encadrée par deux panneaux orchestraux étincelants.

Christian Leblé
Les Cantates