Les concerts du mois – Mai 2020

Pour la deuxième fois depuis 20 ans, il n’y aura pas de cantate jouée au Foyer de l’Âme ce premier dimanche du mois.

Alors nous vous proposons ce mois-ci un nouveau rendez-vous virtuel pour écouter la Cantate BWV 103 “Ihr werdet weinen und heulen” donnée le 6 avril 2008.

Freddy Eichelberger l’a choisie pour nous avec attention, car le dimanche 3 mai 2020 comme le 6 avril 2008, nous serons exactement dans le même temps liturgique que celui de la cantate BWV 103, conçue pour le troisième dimanche après Pâques.

Et ne manquez pas de regarder les photos du concert du 6 avril 2008, avec le temple sans son orgue en réfection !

Vous trouverez également en PDF le programme complet de la cantate.

Bonne écoute !

Les Cantates

Dimanche 6 avril 2008

Cantate BWV 103 “Ihr werdet weinen und heulen”

Avec l’aimable autorisation des musiciens

Ihr werdet weinen und heulen a été composée à Leipzig en 1725 pour le troisième dimanche après Pâques. Son livret est le premier de neuf que la poétesse Marianne von Ziegler fournit à Bach entre avril et mai. Il se distingue par sa progression très évidente : puisque la cantate est contemporaine de Pâques, moment de la résurrection, elle passe de la tristesse à la joie.
La cantate s’ouvre par un grand choeur fugué qui va osciller, parallèlement au texte entre ces deux sentiments. Il ne s’agit pas d’une fantaisie chorale « abstraite » mais vraiment d’une confrontation entre sentiments. La flûte piccolo dont la sonorité se détache de tous les instruments illustre bien cette combinaison, passant de longues notes tenues et douloureuses à des arpèges acrobatiques.
Elle évoque cette joie promise par la Bible, dont les croyants sont appelés à ne pas douter. D’ailleurs, une voix se dégage -la basse- pour redire l’annonce faite par le Christ avant le Vendredi Saint (Evangile de Jean 16-20, vous serez dans la tristesse, mais votre tristesse se changera en joie.) avant la conclusion du choeur.
Un premier récitatif accumule les mots de la maladie. L’homme est malade de la perte du Christ. Schmerzen -nos souffrances- est souligné par une longue vocalise.
L’air central est confié à l’alto. Son texte reprend le Livre du Prophète Jérémie (8, 23) de l’Ancien testament. Galaad en Jordanie était dans l’Antiquité réputée pour son baume (ou baume de la Mecque) – mais Messie et baume évoquant tous deux la guérison, peut-être ces deux mots partagent-ils une même étymologie…
La flûte fait sa réapparition, renvoyant du même coup l’auditeur à l’impression initiale du premier choeur. Elle semble ici courir en tous sens, comme le suggère le texte, cherchant en vain qui pourrait apaiser l’angoisse de l’homme. L’absence d’orchestre souligne encore cette solitude.
Le second récitatif est le symétrique du premier. Celui-là s’arrêtait sur le mot Schmerzen, celui-ci fait ressortir le mot Freude. Il prépare l’air suivant. Notamment, il fait passer l’harmonie de mineur à majeur, et ce quasiment pour la première fois depuis le début de la cantate.
L’éclat de trompette qui ouvre l’air de ténor est donc préparé. Il n’en est pas moins magique. Le message est clair et il retentit. Le mot Freude se détache à nouveau.
Le choral final reprend la neuvième strophe de Barmherziger Vater, Höchster Gott, un hymne du théologien du XVIe siècle Paul Gerhardt, auteur que Bach a beaucoup cité (cet hymne, sur une mélodie anonyme figure également dans la Passion selon Saint Matthieu et dans trois autres cantates). À la manière de toute la cantate, ce choral oscille entre ombre et lumière, mineur et majeur.