Les concerts du mois – Novembre 2021

Les Cantates

Dimanche 7 novembre – 17h30

Cantate BWV 192 « Nun danket alle Gott »

Coordination Ruth Weber

La cantate Nun danket alle Gott fut probablement composée pour la Fête de la Réformation, le 31 octobre, en l’année 1730. Les musicologues ne sont pas catégoriques à son sujet. Elle est en effet étonnamment courte ! Deux chœurs et un duo… Non pas qu’elle soit incomplète, car le choral dont elle s’inspire n’est pas plus long. Mais on peut se demander si elle n’était pas conçue pour être exécutée avec une autre cantate…

Ce cantique luthérien, Nun danket alle Gott, -Rendons maintenant tous grâce à Dieu- est un des plus célèbres. Son texte fut publié en 1636 par le pasteur Martin Rinckart (1586–1649) parmi ses « petites prières de table ». La mélodie sur laquelle on le chante est attribuée à Johann Cruger (1598-1662). De nombreux compositeurs reprirent ensuite son thème, dont Telemann, Pachelbel, Bach et plus tard Mendelssohn, Brahms ou Reger.

Dans sa partition pour orgue, Bach traite une par une les phrases musicales du choral ancien : chaque segment est d’abord commenté dans un tissage à trois voix puis -comme démêlé- énoncé « nu », sans ornementation. Il en ira de la même façon dans la cantate : la clarté du choral initial ne surgit qu’après un certain laps de temps.

L’introduction instrumentale de la cantate installe immédiatement un climat heureux qui ne se démentira pas. Il s’agit d’une cantate de louange, sans qu’une ombre, un doute, ne viennent voiler le ciel.
Ce mini concerto pour orchestre, jouant des couleurs caractéristiques des cordes, des flûtes et des hautbois, virevolte jusqu’à l’entrée des voix. Phrase par phrase, Bach suit ce procédé déjà évoqué : d’abord les voix entrent en cascade, s’imitent puis la voix de soprano énonce le texte en syllabes longues, à la façon du cantique original.
La strophe entièrement déroulée, les chanteurs parachèvent cette ouverture par une sorte d’appel puissant, reprenant les premiers mots du choral : Rendons maintenant tous grâce à Dieu !
A l’abri d’une telle solidité, l’air central est d’une innocence confiante. Ses deux chanteurs nous font penser à Papageno et Pamina -une basse et une soprano là aussi, homme et femme emblématiques- dans leur air Mann und Weib de La Flûte enchantée : la création est toute acquise à son créateur. Les imitations en course-poursuite de la musique contribuent à ce caractère simple et insouciant.
Comme pour pousser l’assistance entière dans la danse heureuse de ces deux personnages, Bach démultiplie le rythme du chœur final et lui donne une coupe de gigue, avec un élan bien marqué. C’est irrésistible. Ce dernier couplet n’oublie pas pour autant sa vocation de louange et comme dans le premier chœur la voix supérieure (où s’unissent soprano, orgue, premiers violons, première flûte et premier hautbois) reprend chaque phrase en syllabes longues, à l’identique du choral original.
Cette humeur joyeuse est entretenue par la fugue pour orgue en sol majeur (la même tonalité rayonnante que cette cantate), elle aussi en forme de gigue.

Christian Leblé

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