La cantate Wer da gläubet und getauft wird fut donnée à Leipzig le jeudi de l’Ascension 1724.

Dans dix jours, la Pentecôte viendrait symboliser le début de la mission d’évangélisation des apôtres, sur lesquels l’Esprit Saint descendrait.

Dans un mouvement d’anticipation, cette cantate annonce la communauté chrétienne qui prend forme à travers le baptême. Et plus prosaïquement, puisque avec le départ du Christ pour les Cieux, il va falloir se débrouiller seuls, elle transmet les dernières recommandations essentielles. Quatre manières de décrire la foi, c’est ainsi qu’on pourrait la présenter.

Première évocation à travers le chœur d’ouverture : Bach s’appuie sur une citation biblique évoquant l’Ascension, tirée de l’Evangile selon Saint Marc (Mc 16,16). Deux éléments musicaux se distinguent d’emblée et ils réapparaitront à chaque numéro : stabilité et mouvement.  Dans ce premier chœur, ce sont d’un côté des notes longues auxquelles on peut se tenir comme à une rampe, et de l’autre des figures courtes, ascendantes, joyeuses. L’impression qui se dégage est celle d’une grande sérénité.

Deuxième évocation, l’air de ténor. Une intervention démonstrative : « c’est pourquoi », dit-il.

Pour autant, c’est d’amour en abondance dont il s’agit, dessiné par le violon. Les instruments du continuo reprennent, eux, la charge de la régularité, dessinant un chemin sans obstacle et rassurant.

A l’homme-ténor succède le duo soprano-alto qui chante l’âme chrétienne, fiancée comblée du Christ. Rien de dramatique dans cette cantate. Chaque fois, simplement, une autre manière.

Là encore, on retrouve un élément dynamique -exubérant presque- dans la joie bondissante des torsades de vocalises qui s’enroulent comme une plante autour d’un pied solide : le choral protestant de l’Epiphanie Wie schön leuchtet der Morgenstern.

Les deux voix s’échangent les rôles et la joie débordante finit par prendre possession totale de ce duo, guidé par un continu lui aussi très vif.

Le seul récitatif de la cantate s’intercale ici pour énoncer le message doctrinal : la foi est essentielle, elle est plus importante que toutes les actions entreprises.

Grand ralenti, chant ample. Contraste accentué par le passage au mode mineur.

Le dernier air s’enchaîne, avec la même voix, mais dans un regain d’énergie formidable. Musique palpitante, mouvement des cordes en battements d’aile : imiter le Christ, s’élever… Evaluer aussi dans cette gravité mobile la valeur de la foi et du baptême.

Le choral qui conclut la cantate remonte au début de la Réforme, au XVIe siècle. Ich danke dir, liebe Herre (Je te remercie Seigneur bien-aimé) était un hymne de l’office du matin. La strophe choisie sert d’une ultime prière collective pour que la foi soit accordée.

Christian Leblé

La présentation complète de chaque cantate jouée dans ce cycle au temple du Foyer de l’Âme est accessible sur le site Les Cantates.