Prédication du 15 décembre 2019

Culte de Noël
avec les enfants des écoles bibliques

de Dominique Hernandez

Cessons de compter !

Lectures

Jean 2
Les noces de Cana

1 Le troisième jour, il y eut des noces à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là.
2 Jésus aussi fut invité aux noces, ainsi que ses disciples.
3 Comme le vin venait à manquer, la mère de Jésus lui dit : Ils n’ont pas de vin.
4 Jésus lui répond : Femme, qu’avons-nous de commun en cette affaire ? Mon heure n’est pas encore venue.
5 Sa mère dit aux serviteurs : Faites tout ce qu’il vous dira.
6 Il y avait là six jarres de pierre, destinées aux purifications des Juifs et contenant chacune deux ou trois mesures.
7 Jésus leur dit : Remplissez d’eau ces jarres. Ils les remplirent à ras bord.
8 — Puisez maintenant, leur dit-il, et portez-en à l’organisateur du repas. Ils lui en portèrent.
9 Quand l’organisateur du repas eut goûté l’eau changée en vin — il ne savait pas d’où venait ce vin, tandis que les serviteurs qui avaient puisé l’eau le savaient — il appelle le marié
10 et lui dit : Tout homme sert d’abord le bon vin, puis, quand les gens sont ivres, le moins bon ; toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à présent.

11 Tel fut le commencement des signes de Jésus, ce qu’il fit à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples mirent leur foi en lui.

12 Après cela, il descendit à Capharnaüm avec sa mère, ses frères et ses disciples, et ils n’y demeurèrent que peu de jours.

Jésus chasse les marchands du temple

13 La Pâque des Juifs était proche, et Jésus monta à Jérusalem.

14 Il trouva dans le temple les vendeurs de bovins, de moutons et de colombes, ainsi que les changeurs, assis.
15 Il fit un fouet de cordes et les chassa tous hors du temple, avec les moutons et les bovins ; il dispersa la monnaie des changeurs, renversa les tables
16 et dit aux vendeurs de colombes : Enlevez tout cela d’ici ! Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce !
17 Ses disciples se souvinrent qu’il est écrit : La passion jalouse de ta maison me dévorera.

18 Les Juifs lui dirent : Quel signe nous montres-tu pour agir de la sorte ?
19 Jésus leur répondit : Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai.
20 Les Juifs dirent : Il a fallu quarante-six ans pour construire ce sanctuaire, et toi, en trois jours, tu le relèveras !
21 Mais le sanctuaire dont il parlait, lui, c’était son corps.
22 Quand donc il se fut réveillé d’entre les morts, ses disciples se souvinrent qu’il disait cela ; ils crurent l’Ecriture et la parole que Jésus avait dite.

Jésus connaît tout de l’homme

23 Pendant qu’il était à Jérusalem, à la fête de la Pâque, beaucoup mirent leur foi en son nom, à la vue des signes qu’il produisait,
24 mais Jésus, lui, ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous
25 et parce qu’il n’avait pas besoin qu’on lui présente un témoignage sur l’homme : lui-même connaissait ce qui était dans l’homme.

Jean 6, 1-21
Jésus nourrit cinq mille hommes

1 Après cela, Jésus s’en alla sur l’autre rive de la mer de Galilée, la mer de Tibériade.
2 Une grande foule le suivait, parce qu’elle voyait les signes qu’il produisait sur les malades.
3 Jésus monta sur la montagne ; là, il s’assit avec ses disciples.
4 Or la Pâque, la fête des Juifs, était proche.

5 Jésus leva les yeux et vit qu’une grande foule venait à lui ; il dit à Philippe : Où achèterons-nous des pains pour que ces gens aient à manger ?
6 Il disait cela pour le mettre à l’épreuve, car il savait, lui, ce qu’il allait faire.
7 Philippe lui répondit : Deux cents deniers de pains ne suffiraient pas pour que chacun en reçoive un peu.
8 Un de ses disciples, André, frère de Simon Pierre, lui dit :
9 Il y a ici un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons ; mais qu’est-ce que cela pour tant de gens ?
10 Jésus dit : Faites installer ces gens. — Il y avait beaucoup d’herbe en ce lieu. — Ils s’installèrent donc, au nombre d’environ cinq mille hommes.
11 Jésus prit les pains, rendit grâce et les distribua à ceux qui étaient là ; il fit de même pour les poissons, autant qu’ils en voulurent.
12 Lorsqu’ils furent rassasiés, il dit à ses disciples : Ramassez les morceaux qui restent, pour que rien ne se perde.
13 Ils les ramassèrent donc ; ils remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d’orge qui restaient à ceux qui avaient mangé.

14 A la vue du signe qu’il avait produit, les gens disaient : C’est vraiment lui, le Prophète qui vient dans le monde.

15 Jésus, sachant qu’ils allaient venir s’emparer de lui pour le faire roi, se retira de nouveau sur la montagne, seul.

Jésus marche sur la mer

16 Le soir venu, ses disciples descendirent jusqu’à la mer.
17 Ils montèrent dans un bateau pour se rendre à Capharnaüm, sur l’autre rive de la mer. Les ténèbres étaient déjà là, et Jésus n’était pas encore venu à eux.
18 Un vent violent soufflait et la mer se soulevait.
19 Après avoir ramé environ vingt-cinq ou trente stades, ils aperçoivent Jésus qui marche sur la mer et s’approche du bateau ; ils eurent peur.
20 Mais il leur dit : C’est moi, n’ayez pas peur !
21 Ils voulaient donc le prendre dans le bateau ; aussitôt le bateau toucha la terre, là où ils allaient.

Luc 2,1-20
La naissance de Jésus

1 En ces jours-là parut un décret de César Auguste, en vue du recensement de toute la terre habitée.
2 Ce premier recensement eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie.
3 Tous allaient se faire recenser, chacun dans sa propre ville.
4 Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth, pour se rendre en Judée, dans la ville de David appelée Bethléem, parce qu’il était de la maison et de la famille de David,
5 afin de se faire inscrire avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte.

6 Pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait accoucher arriva,
7 et elle mit au monde son fils premier-né. Elle l’emmaillota et l’installa dans une mangeoire, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle.

Un ange apparaît à des bergers

8 Il y avait, dans cette même région, des bergers qui passaient dans les champs les veilles de la nuit pour garder leurs troupeaux.
9L’ange du Seigneur survint devant eux, et la gloire du Seigneur se mit à briller tout autour d’eux. Ils furent saisis d’une grande crainte.
10 Mais l’ange leur dit : N’ayez pas peur, car je vous annonce la bonne nouvelle d’une grande joie qui sera pour tout le peuple :
11 aujourd’hui, dans la ville de David, il vous est né un sauveur, qui est le Christ, le Seigneur.
12 Et ceci sera pour vous un signe : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire.
13 Et soudain il se joignit à l’ange une multitude de l’armée céleste, qui louait Dieu et disait :

14 Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, et, sur la terre, paix parmi les humains en qui il prend plaisir !

Les bergers à Bethléem

15 Lorsque les anges se furent éloignés d’eux vers le ciel, les bergers se dirent les uns aux autres : Allons donc jusqu’à Bethléem, et voyons ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître.
16 Ils s’y rendirent en hâte et trouvèrent Marie, Joseph, et le nouveau-né couché dans la mangeoire.
17 Après l’avoir vu, ils firent connaître ce qui leur avait été dit au sujet de cet enfant.
18 Tous ceux qui les entendirent s’étonnèrent de ce que disaient les bergers.
19 Marie retenait toutes ces choses et y réfléchissait.
20 Quant aux bergers, ils s’en retournèrent en glorifiant et louant Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, conformément à ce qui leur avait été dit.

Prédication

(en interaction avec les enfants des écoles bibliques)

Vous avez peut-être remarqué qu’il est beaucoup question de nombres dans ces trois textes de la Bible :
Dans le récit de la naissance de Jésus, dans l’évangile de Luc, cela commence avec le recensement commandé par l’empereur romain. Savez-vous ce qu’est un recensement ? Compter les habitants, d’un pays, et là, de l’empire. C’est pour cela que Joseph et Marie vont à Bethléem : pour se faire compter parmi les habitants de cette ville. On ne sait pas combien il y en a.
Et de toute manière, ce n’est pas très important parce que le compte n’est pas juste. Que se passe-t-il ? Un enfant est né. Il y a donc une personne en plus. Ça commence bien ! Dès sa naissance, Jésus perturbe les comptes.
Et pas seulement le compte des habitants de Bethléem.
Car il n’y a pas de place à l’auberge pour Joseph, Marie et leur petit. Dans une auberge, les comptes sont importants : il y a tant de places pour loger tant de personnes, pas une de plus. Alors deux qui arrivent et bientôt trois, ça ne rentre pas dans le compte, ils sont en plus, ils sont en trop.
C’est ainsi que Jésus est couché dans une mangeoire, qui n’est pas un endroit pour un bébé, mais ce bébé est en trop, en plus, en excès. Un bébé qui déborde des comptes, un bébé qui rend les comptes pas justes.
Alors vous savez quoi ? A Noël, depuis le premier Noël, il faudrait arrêter de compter. D’ailleurs, du coup, Luc n’a pas compté les bergers, ni les moutons, ni les chiens de bergers, ni les anges. Luc les a tous rassemblés dans le récit de cette nuit-là. Après tout, sous le ciel, il y a toute la place qu’il faut pour tout le monde, y compris l’armée céleste toute entière.

Et ça continue. A Cana.
A Cana, on commence par faire du calcul mental : 6 jarres de pierre contenant chacune de 80 à 120 litres : ça fait combien de litres ? … entre 480 et 720 litres. Déjà c’est beaucoup d’eau ! On pourrait aussi calculer combien de temps il a fallu pour les remplir si on connaissait le nombre de serviteurs et la contenance des petites jarres qu’ils ont utilisées pour remplir les grandes jarres. Avec une jarre de transport de 5l, il faut déjà entre 96 et 154 transvasements !
Donc on a dit entre… 480 et 720 litres… de vin ! Mais il faudrait être combien pour boire tout ça, avec des invités qui ont déjà bu tout ce qui avait été préparé pour la noce ? Ils ne sont pas des centaines, ce n’est pas le mariage de l’empereur de Rome. Il y a là de quoi boire des jours, des semaines… Entre 480 et 720 litres de vin, c’est tellement, c’est beaucoup trop, ce n’est même pas la peine de compter exactement. Non seulement il y en aura pour tous, mais il en a en plus, en trop, en excès, comme si la fête ne devait plus s’arrêter. Le vin, ce n’est pas seulement une boisson : c’est un symbole de fête et de joie. A Cana, Jésus inaugure une fête et une joie en abondance, il y en a pour tous, ce n’est pas la peine de compter. Cette joie coule à flot, généreusement, avec une prodigalité qu’on a de la peine à imaginer quand on a l’habitude de compter.
Nous nous avons l’habitude de compter : les parts d’un gâteau pour que tous les convives en aient un morceau. Cela, c’est l’équité. Mais tous les comptes ne servent pas l’équité et la justice.
Jésus, lui, parle et agit au nom du Dieu qui ne compte pas, ni les personnes à qui il donne, ni ce qu’il donne. Il y en a toujours largement assez pour tous.

C’est la même chose avec les pains et les poissons. Il y en avait combien ? 5 pains et 2 poissons. Pour nourrir combien de personnes ? 5000 hommes. Combien de morceaux de pain et de poissons ? 5000 ? Mais non, 5000 hommes, mais combien de femmes et d’enfants ? Ça compte aussi les femmes et les enfants ! Surtout que c’est un jeune garçon qui a apporté les pains et les poissons.
Il en reste des paniers entiers : combien ? 12. Ça doit faire quand même beaucoup de morceaux de pains et de poissons… Avec tous ceux qui ont été mangé et peut-être que certains ont mangé plus d’un morceau parce qu’ils avaient très faim ou gros appétit. Il fallait des dizaines de milliers de morceaux de pain et de poisson ! Pas la peine de compter, il y en avait assez pour tous, même s’il y avait eu 10 000 hommes plus les femmes et les enfants, il y en aurait eu assez du pain partagé. Assez et même en plus, en reste, en excès. 

Ce n’est pas la peine de compter. Avec Dieu, ce n’est pas la peine de compter. La fête de Noël parle de cela, avec un enfant qui naît et qui interrompt le cours des comptes pour laisser place à Dieu qui donne en abondance, Dieu qui communique en abondance : sa Parole (pas des discours), du sens (pas des solutions), de la vie, un avenir, un devenir pour chacun, au-delà des limites des horizons naturels. L’abondance en Dieu est un don, pas un objectif.
Noël, c’est un enfant qui naît et qui parle d’un monde qui n’est pas gouverné par les comptes. Plus besoin d’additionner qualités et compétences, de multiplier par les performances et de diviser par les manques.
Un enfant naît et le monde peut changer.

Amen