Prédication du 20 novembre 2022

de Valérie Lobry

Lecture : Luc 15, 11-24

Lecture biblique

Luc 15, 11-24

11 Un homme avait deux fils.
12 Le plus jeune dit à son père : Mon père, donne-moi la part de bien qui doit me revenir. Et le père leur partagea son bien.
13 Peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout ramassé, partit pour un pays éloigné, où il dissipa son bien en vivant dans la débauche.
14 Lorsqu’il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin.
15 Il alla se mettre au service d’un des habitants du pays, qui l’envoya dans ses champs garder les pourceaux.
16 Il aurait bien voulu se rassasier des carouges que mangeaient les pourceaux, mais personne ne lui en donnait.
17 Etant rentré en lui-même, il se dit : combien de mercenaires chez mon père ont du pain en abondance et moi, ici, je meurs de faim !
18 Je me lèverai, j’irai vers mon père, et lui dirai : Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre toi,
19 je ne suis plus digne d’être appelé ton fils ; traite-moi comme l’un de tes mercenaires.
20 Et il se leva, et alla vers son père. Comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, il courut se jeter à son cou et l’embrassa.
21 Le fils lui dit : mon père, j’ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.
22 Mais le père dit à ses serviteurs : apportez vite la plus belle robe, et l’en revêtez. Mettez-lui un anneau au doigt, et des souliers aux pieds.
23 Amenez le veau gras, et tuez-le. Mangeons et réjouissons-nous ;
24 car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.

Prédication

Introduction

Le fils prodigue, vous connaissez ça par cœur, et vous avez même entendu pas mal de prédications sur ce texte… Comme d’habitude avec les paraboles de Jésus Christ, il y a plusieurs lectures dans le texte. Je commence par la plus classique et la plus rapide :

Un homme a deux fils, un obéissant et un rebelle ; le rebelle réclame sa part d’héritage à son père, va le dilapider en menant une vie dissolue, pendant que l’autre reste sagement auprès du père.

Lorsque le fils profiteur a perdu tout son bien, il rentre misérable pour implorer son père de le reprendre. Et celui-ci, au lieu de le traiter d’ingrat, de lui fermer sa porte, l’accueille à bras ouverts comme un trésor retrouvé.

C’est une parabole très morale, le fils désobéissant se rend compte comme il a mal agi, comme nous agissons mal. Le père c’est Dieu qui nous donne et nous pardonne, et dont la miséricorde paraît réellement surhumaine. Les deux fils ce sont les hommes tels qu’ils sont, l’un gentil l’autre méchant et qui se conduit mal.

Je vous avoue que cette interprétation classique, que j’ai entendue pendant mon école du dimanche quand j’étais enfant, m’a toujours un peu dérangée. La morale de cette histoire ce serait « regardez ceux qui ne font pas ce qu’on leur dit de faire, ceux qui essaient de voler de leurs propres ailes, orgueilleux qu’ils sont de s’imaginer qu’ils peuvent faire leur vie tout seul, regardez comme il leur arrive malheur » !

Et ce serait ça, notre destin… rester fidèlement à côté de notre père, faire comme lui, toujours obéir sans discuter, marcher dans ses pas, ne jamais chercher ailleurs…

Alors plutôt que de me focaliser sur le retour du fils, je voudrais ce matin vous proposer un autre angle de lecture, et m’intéresser à tout ce qu’il y a eu avant et après son départ, autrement dit tout ce qui a été constitutif de sa relation avec le père, de sa rupture puis de son retour. C’est la raison pour laquelle je ne vous ai lu que le début de ce texte, qui se poursuit avec la réaction furieuse de l’autre frère, jaloux comme Caïn du pardon du père à son frère frondeur, cette deuxième partie n’étant pas notre sujet d’aujourd’hui. Au fond cette parabole contient le raccourci de toute vie humaine : l’enfance, l’éducation, la parentalité, l’adolescence, le choix ou le non-choix de sa vie d’adulte. Elle contient aussi la transmission, de génération en génération, ce que l’on reçoit de ses parents, ce que l’on donne à ses enfants, en matériel et en immatériel, la liberté qu’ils prennent ou pas. Elle contient aussi l’inégalité, l’injustice perçue, qui est la source de haine ou de colère, et bien sûr le pardon et la miséricorde.

Evidemment ce texte raconte beaucoup de notre relation à Dieu ; mais il résonne tellement fort dans notre relation à nos enfants, que je ne peux m’empêcher, en y réfléchissant, de passer constamment d’un contexte à un autre, celui de Dieu par rapport à nous, et celui de nous comme parents par rapport à nos enfants, comme vous allez le constater ce matin.

Et pour travailler sur ce texte, je me suis largement appuyée sur un ouvrage que je vous recommande chaudement, « Les grandissants » écrit par Marion Muller Collard. Il se trouve que j’avais entendu une interview d’elle sur France Culture lorsque son livre est sorti, et que j’ai ressenti à l’écoute de cette émission comme un soulagement de l’entendre en quelque sorte réhabiliter le fils prodigue. Vous allez comprendre pourquoi. J’ai donc acheté le livre, qui m’a passionné, et qui a servi de base et d’inspiration à la prédication de ce matin.

Mais commençons par le commencement.

Un homme avait deux fils. Qu’il a sûrement élevé comme nous le faisons tous, avec de l’attention pour chacun, un véritable don de soi, qu’il soit physique, financier, moral, des hésitations fréquentes, des inquiétudes, des joies aussi bien sûr. Car l’arrivée d’un enfant, c’est ce tsunami d’émotions auquel ceux d’entre nous qui sont parents avons tous été confrontés : un être dans lequel nous projetons tout ce que l’avenir nous propose de meilleur, un être exemplaire, intelligent, compréhensif, un être heureux et équilibré, en quelque sorte une version idéale de nous-même…

Aucun de nous ne fait le compte de cet investissement parental pour chaque enfant, mais tout de même, permettez-moi de vous rappeler quelques épisodes : les nuits sans dormir, les maladies ou accidents, les retours du bureau en urgence appelés par l’hôpital, les innombrables soirées à faire le travail scolaire avec lui, les conduites aux scouts, à la musique, au foot, les frigos qui se vident aussi vite qu’ils se remplissent, les caprices pour le skate-board ou le scooter, la résistance face à la pression des portables, les fins de mois difficiles, les copains qui nous plaisent plus ou moins, les fêtes, l’inquiétude quand ils ne rentrent pas, la pression des résultats scolaires, le casse-tête de l’orientation, les séjours à l’étranger, etc etc…. j’arrête??

Mais revenons au texte : Donc au moment où l’adolescent devient adulte, où le père pourrait être tenté de lui dire « après tout ce que j’ai fait pour toi, tu me dois de bien travailler, d’être gentil, de ne pas poser de problème, etc… » hé bien l’adolescent renverse le rapport de force et dit « donne moi la part de bien qui doit me revenir » demande sa part. Mais sa part de quoi ? nous entendons héritage mais le texte est plus subtil. Le mot grec utilisé est « l’ousia » Il ne s’agit pas tout à fait d’héritage, ni de biens matériels, mais plutôt de substance, de sens.

L’ousia c’est un des concepts fondamentaux qu’on retrouve dans la philosophie d’Aristote, que l’on pourrait définir plus simplement par l’unicité d’un être, ce qui relie la forme et la matière. Et donc ce que réclame le fils ce n’est pas une somme d’argent, c’est peut-être bien la possibilité d’être pleinement lui-même, de se libérer de l’influence du père, de trouver un sens profondément unique à sa vie, on pourrait dire son identité.

Et le texte dit « l’homme leur partagea son bien », ce qui veut dire qu’il donna la même chose à l’un et à l’autre de ses fils. La traduction que j’ai utilisée, celle de Segond, utilise le mot « bien » dans les deux phrases mais en fait il s’agit de quelque chose de plus immatériel : à l’« ousia » de la demande du fils, le père répond par ce mot « bios » qui désigne la vie même, ou l’essence de leur être. Ainsi le don du père qui répond au souhait du fils porte plutôt sur une nouvelle vie offerte, ou plutôt la liberté de vivre leur vie par eux-mêmes.

Voilà fini le temps où le père surveille et encadre leurs activités, terminé les sanctions pour les enfants indisciplinés, le regard par-dessus l’épaule du fils, le « tu devrais faire comme ci, moi à ton âge, etc… » … c’est bien la fin de la dépendance que réclame le fils, le droit de vivre par lui-même. Il attend que son père le libère de cette obligation de respect et de déférence, qu’il lui donne les clefs en quelque sorte, en lui disant « ok, c’est à ton tour, je te libère de toute cette dette morale, financière, fais à ton idée, maintenant tu es le maître de ta propre vie »

Et c’est effectivement à cela que ceux d’entre nous qui sont parents sont confrontés dans l’éducation de leurs enfants : depuis leur naissance nous vivons dans cette illusion que nous sommes tout-puissants à leurs yeux, qu’ils sont physiquement, mentalement et matériellement dépendants de nous. Nos enfants petits nous aiment inconditionnellement, leur admiration nous comble car elle va presque au-delà de l’amour que nous leur portons, alors même que nous n’imaginons pas que, depuis leur naissance, ils sont déjà sur le chemin du départ. Nous avons du mal à penser qu’il va falloir, de gré ou de force, leur donner cette liberté, la responsabilité de leur propre vie.

Remarquez une chose : nous sommes choqués de cette démarche du fils qui s’en va, mais au fond le père, lui, ne l’est pas tant que ça. Il ne s’oppose pas à cette demande du fils, on dirait presque qu’il s’y attend puisqu’il accède aussitôt à sa demande.

Les parents élèvent leurs enfants de la même façon, avec les mêmes principes, souvent le même cadre, et pourtant chaque enfant a sa personnalité propre, qui fait qu’au sein d’une même fratrie tous sont à la fois proches et différents. Chacun également accède à une maturité à un âge différent. Ainsi chacun des deux fils du texte reçoit sa part, chaque fils est libéré de ses obligations d’enfant par leur père, comme s’il les mettait tous les deux avec leur barda sur le pas de la porte, allez-y, maintenant, vous êtes libres. L’un en use, et l’autre pas.

Et il y a fort à parier que le fils prodigue, en faisant ses bagages, en rassemblant tout comme nous dit le texte, a commencé ce long tri auquel une vie ne suffira pas : à qui dois-je ce qui est à moi ? est-ce bien à moi si je le dois à quelqu’un ? peut-on garder la chose, et la dette ? Le plus jeune, dans cette histoire, est donc entré dans l’âge décisif avant son frère, qui lui s’attarde dans le berceau des idées reçues.

Comme l’exprime Marion Muller Colard « ce commerce de l’enfance, entre nos parents et nous, ressemble finalement aux prêts sur gage d’un mont-de-piété : on donne en gage notre ignorance et notre confiance, et on reçoit en échange ancrage et mémoire ». Et soudain à l’adolescence, on secoue ancrage et mémoire qui nous encombrent pour construire notre propre histoire, en s’extrayant brutalement de celle de nos parents. Cette rupture n’a aucun rapport avec la qualité de ceux qu’on quitte, ce n’est pas une fuite c’est une conquête revendiquée. C’est le rejet d’un amour de parent qui projette son propre destin dans celui de son enfant.

Donc le jeune homme s’en va, échappant à l’emprise perçue de son père, après avoir réclamé son dû. La dette dont il est question ici remonte à la nuit des temps, chaque créancier est aussi débiteur, donner la vie est sans mérite : on ne donne que d’avoir reçu, on rembourse à la génération suivante ce qu’on a reçu de la précédente.

Mais il y a une condition à son départ, qui est fondamentale dans le texte : le père doit accepter de s’effacer, accepter de rester, accepter de recommencer à attendre son enfant.

Je vous lis un poème écrit par Paul Baudiquey en commentaire au visage du père dans le magnifique tableau de Rembrandt sur le fils prodigue :

« Son visage d’aveugle.

Il s’est usé les yeux à son métier de père : scruter la route obstinément déserte, guetter du même regard l’improbable retour.

Sans compter toutes les larmes furtives. Il arrive qu’on soit seul ! »

Il arrive qu’on soit seul ! N’est-ce pas l’objectif de toute éducation, apprendre à nos enfants à être seuls ? C’est le paradoxe de l’éducation. L’arrivée d’un enfant comble à jamais notre solitude, nous avons l’impression que plus jamais nous ne serons seuls. Et pourtant, toute leur enfance nous les exerçons à cette séparation future, à cette « autonomie » que nous leur souhaitons. Nous leur apprenons notre absence, notre disparition progressive de leur vie. Mais à l’âge de la séparation, si leur solitude signifie partir, pour nous elle signifie rester, et nous n’y sommes absolument pas préparés. Rester, pour des parents, ça veut dire s’effacer, ça veut dire accepter de voir le rapport de force s’égaliser puis même s’inverser. En tout état de cause ça veut dire ne pas le retenir, rester à notre place pour lui permettre d’en prendre une plus grande, et se réapproprier notre solitude.

Je me souviens de bien des angoisses pendant l’adolescence de mes enfants, de réveils nocturnes pour lesquels je n’ai trouvé qu’une seule parade, que je me répétais comme un mantra :  j’ai semé les bonnes graines pendant toute leur enfance, je dois leur faire confiance. Elle part à l’autre bout du monde ? Il abandonne ses études ? Il laisse tomber ce boulot ou cette compagne que je trouvais parfaite ? Il investit toutes ses économies dans une start-up à laquelle je ne comprends rien ? Il est temps de leur faire confiance, sans aucune réserve. La confiance que j’ai moi-même arrachée un jour à mes parents.

Cette confiance ne vaut pas abandon : elle est donnée une fois pour toutes à celui qui sait qu’il sera toute sa vie attendu sans réserve. Elle est une absolue assurance, je suis là, pour toujours, quand tu auras besoin de moi. Je suis là, pour toujours, pour te rassurer de ma présence et de mon amour. Et ce n’est pas parce que tu pars aujourd’hui que je t’aime moins, ou que je t’en veux, ou que mon amour pour toi s’effritera avec les années qui passent.

La confiance peut être déçue, bafouée, mais elle ne sera jamais reprise. A quel moment sommes-nous capables de donner cette confiance sans aucune réserve à nos enfants ? Non, il n’y arrivera pas, non, il n’est pas assez grand, non, elle n’a pas l’expérience qu’il faut, elle est trop ceci, pas assez cela, je vais l’aider, je vais lui conseiller, lui donner…. La peur de faire confiance est grande, et le risque est bien de ne jamais croire l’enfant assez grand pour aller seul.

Et c’est là où le père de la parabole ressemble plus à Dieu qu’à un parent humain : « Je t’aime d’un amour éternel, dit le Seigneur par la bouche du prophète Jérémie, et mon amour pour toi ne faiblira pas ». Il a enfanté, élevé, il a enseigné, et il laisse partir sans un reproche, confiant dans les graines qu’il a semées, et confiant dans son enfant devenu adulte.

Et d’ailleurs, que fait-il de cette liberté ? l’histoire nous dit qu’il part pour un pays éloigné, qu’il dissipe son bien en vivant dans la débauche…  Très clairement il choisit la pire voie, celle qui l’éloigne le plus de son père et de l’enseignement qu’il a reçu, et ce n’est sûrement pas par hasard.

Dans notre chemin de foi comme dans notre chemin de vie, nous avons besoin de ces chemins de doute, d’errance, parfois de folie. Nous avons besoin de changer d’horizon et de renier nos ancêtres, nos parents, nos frères. Nous avons besoin de critiquer, remettre en cause, et de choisir la voie inverse à celle qu’on nous a toujours indiquée. Et tout cela prend plus ou moins longtemps, parfois c’est court, et parfois il faut toute une vie pour trier l’essentiel de l’accessoire. Et peu importe le temps que ça prend pour trouver sa vérité propre.

Le texte dit qu’il vient à manquer de nourriture, et que les épreuves s’accumulent. Que le jeune homme essaie d’approcher d’autres hommes, de créer des alliances, un foyer peut-être ? mais les malheurs s’accumulent, il est finalement rabaissé au rang d’un animal, comme une chute sans fin qui l’attire vers le fond.

Est-ce que ce manque ne serait pas un passage obligé pour éprouver sa propre force, sa résistance, sa capacité à trouver une solution ? le passage obligé également pour rentrer en lui-même, comme le dit le texte. Et c’est aussi le tournant de la parabole. Le garçon qui rentre en lui-même, éprouve dans sa chair et dans son cœur le manque, la désillusion, la honte, et qui trouve le courage de se relever, pour la première fois de sa vie. Oui il faut probablement ce passage pour que l’homme nouveau qui est né rebondisse, trouve le courage de se remettre en marche, d’aborder son père non comme un fils docile ou pêcheur, mais comme un homme qui veut établir une nouvelle sorte de contrat, une relation adulte, consentie et égalitaire, sans dette ni créance. Et la voilà vraiment, la réhabilitation du fils prodigue, non seulement le plus mature des deux fils, mais aussi le plus courageux, le plus ambitieux, le plus actif.

Dans son dernier livre, Delphine Horvilleur (encore elle !) mentionne qu’en hébreu le verbe être ne se conjugue pas au présent : on ne peut pas dire « je suis ». Mais on peut dire j’étais ou je serai. C’est une impossibilité utile parce qu’elle empêche notamment de se définir d’une unique façon : on était plusieurs choses, et on sera d’autres choses, en constante évolution.

L’identité, c’est finalement une transition entre ce que l’on était et ce que l’on sera…

Alors me direz-vous, quel rapport entre ces considérations sur la parentalité et notre relation à Dieu ? relire la parabole sous le premier angle, avec un Dieu qui crée et s’occupe de ses enfants, c‘est constater beaucoup de similitudes mais tout de même quelques différences essentielles avec nos relations familiales :

Tout d’abord le Dieu du texte ne s’étonne jamais de la différence entre ses enfants : l’un docile, l’autre rebelle, il ne fait aucune différence entre eux et les en aime pas moins l’un que l’autre.

C’est un Dieu qui libère facilement, sans discussion, presque heureux de nous voir partir et agir, nous poussant autant vers la liberté que vers la responsabilité qui va avec l’indépendance.

Un Dieu qui s’efface lorsque nous prenons cette liberté, ne cherche pas à nous retenir, reste à sa place en nous assurant de sa confiance totale, immuable, qui ne sera jamais remise en cause.

Un Dieu qui nous aime malgré notre faiblesse, dans nos malheurs et dans nos bonheurs, un Dieu qui nous attend, vigilant, à notre disposition, dans l’ombre ou dans la lumière de nos vies.

Un Dieu de confiance, qui accepte nos chemins de traverse, nos errances, nos erreurs, nos doutes, qui se réjouit de nos retours et ne nous reproche pas nos départs.

Un Dieu devant lequel nous ne sommes jamais redevables d’une dette ou d’un ressentiment, dont la comptabilité se résume à l’abondance de son amour et de sa patience.

Un Dieu qui n’attend ni reconnaissance, ni servilité, mais qui se réjouit de découvrir cet adulte qui lui tend la main. Un adulte qui n’est pas forcément celui dont il rêvait, encore moins une meilleure version de lui-même.

Oui, il y a une marge de progression entre les parents humains et le Dieu de Jésus-Christ. Dire ce lien nouveau entre le parent et celui qui n’est plus un enfant, dire cette liberté qui nous relève et nous oblige, dire ce relais qui nous est passé et qui fait de nous des êtres adultes et confiants, des êtres qui s’épaulent et se complètent…