Prédication du 8 novembre 2020

Petit culte vidéo (enregistré pendant le confinement)

de Dominique Hernandez

Un vase de terre

Lecture : 2 Corinthiens 4

Prière de louange

Nous te louons, Éternel Dieu, pour les petites choses qui n’ont l’air de rien et qui font tant de bien.
Pour les sourires des yeux au-dessus des masques,
pour les balbutiements du cœur perceptibles dans des paroles simples,
pour les gestes d’attention dans l’anonymat des villes,

Nous te louons pour les petites choses fragiles qui donnent le courage de vivre
Pour une lueur dans un regard
Pour un mot déposé au creux de l’âme
Pour quelques notes de musique envolées par une fenêtre

Nous te louons pour les humbles que les puissants maintiennent dans l’ombre
Pour la beauté de ce qui semble inutile et ne l’est pas,
le vol des oiseaux, la confiance des enfants
pour le bien fait dans le silence et la discrétion

Nous te louons pour la prière murmurée sans fanfare
Le pardon accordé sans réticence
La parole donnée sans ruse
Et pour chaque main tendue.

Amen !

Lecture biblique

2 Corinthiens 4

1 Dès lors, puisque nous avons ce ministère, selon la compassion dont nous avons été l’objet, nous ne perdons pas courage.
2 Nous refusons les secrets de la honte ; nous ne nous comportons pas avec ruse et nous n’altérons pas la parole de Dieu. Au contraire, en rendant la vérité manifeste, nous nous recommandons nous-mêmes à toute conscience humaine devant Dieu.
3 Si cependant notre bonne nouvelle est encore voilée, elle est voilée pour ceux qui vont à leur perte
4 — pour les gens sans foi dont l’intelligence a été aveuglée par le dieu de ce monde, de sorte qu’ils ne voient pas resplendir la bonne nouvelle de la gloire du Christ, qui est l’image de Dieu.

5 En effet, ce n’est pas sur nous-mêmes que porte notre proclamation : nous proclamons que Jésus-Christ est le Seigneur, et que nous-mêmes sommes vos esclaves à cause de Jésus.
6 Car le Dieu qui a dit : « Du sein des ténèbres brillera la lumière » a brillé dans notre cœur, pour que resplendisse la connaissance de la gloire de Dieu sur le visage du Christ.

7 Mais nous portons ce trésor dans des vases de terre, pour que cette puissance supérieure soit celle de Dieu et non la nôtre.
8 Nous sommes pressés de toute manière, mais non pas écrasés ; désemparés, mais non pas désespérés ;
9 persécutés, mais non pas abandonnés ; abattus, mais non pas perdus ;
10 nous portons toujours avec nous, dans notre corps, la mort de Jésus, pour que la vie de Jésus aussi se manifeste dans notre corps.
11 Car nous qui vivons, nous sommes sans cesse livrés à la mort à cause de Jésus, pour que la vie de Jésus aussi se manifeste dans notre chair mortelle.
12 Ainsi, en nous, c’est la mort qui est à l’œuvre, mais en vous, c’est la vie.

13 Et comme nous avons le même Esprit, celui de la foi, ainsi qu’il est écrit : J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé — nous aussi nous croyons, c’est pourquoi nous parlons,
14 sachant que celui qui a réveillé le Seigneur Jésus nous réveillera aussi avec Jésus et nous fera paraître avec vous en sa présence.
15 Car tout cela arrive à cause de vous, pour que la grâce, en foisonnant, fasse abonder, à la gloire de Dieu, les actions de grâces d’un plus grand nombre.

16 C’est pourquoi nous ne perdons pas courage. Et même si chez nous l’homme extérieur dépérit, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour.
17 Car un moment de détresse insignifiant produit pour nous, au-delà de toute mesure, un poids éternel de gloire.
18 Aussi nous regardons, non pas à ce qui se voit, mais à ce qui ne se voit pas ; car ce qui se voit est éphémère, mais ce qui ne se voit pas est éternel.

Prédication

L’apôtre Paul écrit aux Corinthiens au sujet de son ministère d’apôtre, car il est contesté à Corinthe. Sa prédication, son enseignement, l’Évangile qu’il a annoncé à Corinthe sont critiqués, récusés, remis en cause par d’autres prédicateurs, par des membres de cette Église animée, effervescente, et précieuse aux yeux de Paul. Alors Paul écrit aux Corinthiens ce que représente ce ministère, son ministère dans la fidélité à l’Évangile qu’il a reçu et qui a transformé son existence.
Nous pourrions penser que ces pages, parmi les plus personnelles écrites par Paul, et certaines sont extrêmement émouvantes, ne nous concernent pas vraiment : nous ne sommes pas apôtres !
Mais pourtant, deux raisons au moins nous invitent à entrer dans ces pages, dans ces lignes, dans ces mots pour y découvrir une ouverture, un horizon, une dynamique pour nous, humains du XXI° s dans cette année 2020 bien agitée.

La première raison, c’est que nous pouvons comprendre que ce ministère n’est pas seulement celui de Paul, pas seulement celui de celles et ceux à qui un ministère est confié dans une Église, mais qu’il est celui de chacun ; car c’est le ministère d’annonce de la vie selon la grâce, selon la confiance, selon l’espérance, selon l’amour, et chacun peut l’annoncer déjà en l’incarnant, dans sa propre existence avec son parcours, ses caractéristiques, sa singularité.

Vivre de grâce au milieu et malgré les marchandages,
vivre de confiance au milieu et malgré les mensonges et les paroles vaines,
vivre d’espérance au milieu et malgré les épreuves, les incertitudes et les manques,
vivre d’amour au milieu et malgré l’indifférence, l’égoïsme ou le mépris.

La passion de la vie qui mobilise Paul, qui l’envoie sur les routes de l’empire même à travers les difficultés, l’hostilité, la persécution, cette passion ne lui est pas réservée, ni à lui ni à des croyants exceptionnels. Cette passion est celle de tous ceux qui cherchent à inscrire leur existence dans la vie, la vie nouvelle, la vie renouvelée non d’être enracinée dans ses propres capacités et compétences, mais d’être déposée dans une Parole autre,

une Parole créatrice c’est-à-dire porteuse de sens,
une Parole de résurrection qui fait surgir l’être hors des logiques de la fatalité, de la peur, de la performance ou de la dette.

Cette passion, qui est engagement d’être, anime bien des hommes et des femmes, parfois dans la discrétion, ou dans l’inquiétude, ou dans la lutte, ou dans l’art, ou dans le soin ou…Tout le monde n’est pas appelé à parcourir les routes du monde, et tout le monde n’a pas le caractère bouillonnant de Paul…

La deuxième raison, c’est que nous pouvons entendre dans ce qu’écrit Paul qu’il ne s’agit pas pour lui de se présenter comme un héros, un super-apôtre semblable à ceux qui séduisent si bien les Corinthiens en étalant et en accumulant les manifestations extraordinaires : guérisons, prophéties, extases et autres signes indiscutables de la puissance de leur foi.
Paul ne se présente pas comme un homme fort, un croyant invincible. Paul parle de lui comme d’un vase de terre. Et cette fois, nous pouvons facilement le comprendre. Parce qu’avec cette image du vase, Paul évoque la fragilité de l’humain. Celle que chacun de nous peut éprouver, et particulièrement en ces temps troublés que nous traversons.
Pourtant il est bien tentant de chercher du solide plutôt qu’un vase de terre, chercher du solide et chercher à être solide. Solide, résistant au choc et à l’épreuve, durable dans le temps. Être solide et être fort ou devenir fort, cette injonction que dans notre société chacun reçoit très jeune, les deux sont communément liés dans les esprits.
L’histoire garde les traces des grands empires de l’Antiquité, les plus puissants : Assyrie, Babylone, les conquêtes d’Alexandre, et Rome, qui ont été renversés malgré leur puissance et leur solidité écrasée par plus fort qu’eux. Jusqu’à aujourd’hui où la force et la puissance, le désir de la force et de la puissance sont des leviers efficaces pour soulever des peuples, des groupes humains les uns contre les autres. Où donc des tours de Babel ne sont-elles ou n’ont-elles été pas érigées, avant d’être détruites ? Car le mythe du livre de la Genèse ne raconte pas le passé mais il éclaire le présent, clef de compréhension de bien des événements, des soulèvements et des effondrements : l’inachèvement, l’interruption des tentatives de s’ériger de manière solide, résistante, durable.
Rien de tout cela pour un vase de terre. Monsieur de la Fontaine en a fait une fable : le pot de terre et le pot de fer, inspirée par celle d’Esope, l’écrivain grec du VI°s avant Jésus-Christ connue sous le titre : les pots. Les deux fables sont pourvues d’une morale :

Pour Esope : la vie n’est pas sûre pour le pauvre qui a pour voisin un prince rapace
Pour Jean de la Fontaine : ne nous associons qu’avec nos égaux ou bien il nous faudra craindre le destin d’un de ces pots.

Puisque bien sûr, dans l’une ou l’autre fable, le fragile pot de terre a été brisé en se cognant contre le solide pot de fer même bien intentionné envers le pot de terre.

Vase de terre, vase d’argile et le terme employé par Paul renvoie à quelque chose de précis dans la culture du premier siècle. L’argile, la terre est le matériau constituant l’ostracon, une pièce d’argile donc, brisée en deux parties, chacune étant confiée à une des deux parties d’un accord passé entre deux personnes. Plus tard, les deux parties rassemblées de l’ostracon attestait de l’accord et de sa validité, en quelque sorte de sa solidité. Mais l’ostracon, argile fragile, commence par être brisé.
Fragilité de l’argile, fragilité de l’humain, c’est cela que Paul met en avant. Fragilité de l’humain : nous sommes dans une situation, pandémie, confinement, qui nous oblige à nous considérer ainsi, et cela peut générer de l’angoisse et devenir insupportable.
Il ne s’agit pas de désirer être fragile, mais de reconnaître que nous le sommes. Indépendamment des capacités technologiques, des capacités de réflexion, d’invention, d’intelligence, l’humain est un être fragile. Car nous pouvons être privés de tant de choses qui nous procurent un sentiment de solidité : la santé, des personnes chères et importantes, des conditions d’existence auxquelles nous sommes habitués, des repères familiers et jusqu’au sens de l’existence ou du monde.
Et puis nous sommes des êtres fragiles parce que nous sommes limités, non seulement par la limite de la vie, la mort qui survient parfois si brutalement, mais également limités par la présence des autres, non seulement leur présence mais nos relations avec eux, nos engagements vis-à-vis d’eux, et aussi limités par l’action du mal destructeur en nous et autour de nous. Faire l’expérience de la fragilité provoque de la tristesse, ou de la jalousie, du ressentiment, ou du désarroi voire du désespoir, ou de la colère et parfois tout se mélange, mais il y a toujours de la souffrance.
Paul ne manifeste aucune complaisance envers la souffrance, lui qui la connaît si bien, lui qui l’a si souvent affrontée ainsi qu’en témoigne la liste des épreuves terribles qu’il décrit plus loin au chapitre 11 de cette lettre : les coups et l’hostilité de ses adversaires, les naufrages et les dangers des voyages, la faim, le froid et le dénuement. Paul ne brandit pas non plus la fragilité comme une excuse ou un prétexte de démission. Au contraire, ses mots nous invitent à assumer cette fragilité car elle est notre état d’humain.
Et l’assumer transforme la manière de comprendre et d’incarner la fragilité. Ce n’est ni une malédiction, ni un ratage, un échec. Elle est lieu pour la grâce. Ma grâce te suffit : telle est la divine réponse à la triple prière de Paul d’être guéri de la maladie qui l’affecte durement, la réponse à ses demandes d’être délivré de cette écharde dans sa chair selon l’expression qu’il emploie (2 Co 12).
Paul a découvert, expérimenté que la fragilité est le lieu où le Christ vient, où Dieu rejoint l’humain car rien ne lui échappe, même pas les lieux très-bas, les lieux oubliés, rejetés ou niés, les lieux mis au ban, les banlieues de l’humain.
Un vase de terre est toujours fêlé, toujours cassable, et toujours cassé sur ses lignes de fêlure, et le véritable danger pour l’humanité de l’humain serait de ne pas être fêlé, cassable, cassé, ce serait de pas vouloir l’être. Le danger, c’est le déni, la fuite ou l’évitement de ce qui fait l’humain. Tant de stratégies, d’énergie, de richesses sont dédiées à l’évitement de la fragilité. Nous pouvons penser par exemple à ces personnes qui achètent des bunkers en Nouvelle Zélande ou dans le Dakota du Nord pour se mettre à l’abri d’une éventuelle catastrophe de fin du monde et durer suffisamment longtemps dans des conditions qui leur permettraient de connaître l’après fin du monde.
Mais il suffit d’une maladie, d’un deuil d’une rupture, d’un accident pour que ce soit la fin du monde. Il suffit de l’effondrement d’une croyance, de l’image qu’on a de soi, de l’image qu’on a de Dieu pour que ce soit la fin du monde. Ces fins du monde-là sont quotidiennes et en réalité, elles sont la fin d’un monde, pas la fin du monde. Il y a encore un avenir possible et ceux qui sont disposés à le croire peuvent se laisser relever, ressusciter par le Souffle vital, celui que la Genèse raconte comme étant soufflé dans les narines de l’humain façonné de terre, d’argile, de poussière – rien de bien solide mais c’est là que Dieu dépose son Souffle de vie.

La lettre de Paul invite à assumer la fragilité parce que devant Dieu elle n’est ni un châtiment ni une fatalité mais l’humaine condition et lieu pour la grâce :

pressés mais non pas écrasés,
désemparés mais non pas désespérés,
persécutés mais non pas abandonnés
abattus mais non pas perdus.

Car le vase de terre, même abîmé, est porteur d’un trésor qui ne dépend pas du contenant mais de Celui qui l’y a déposé.
L’image du trésor dans un vase d’argile est surprenante, et même subversive. Habituellement un trésor est déposé dans un coffre-fort. Il faut le protéger, le sécuriser, engager des gardiens, car un trésor provoque de la convoitise et donc de la méfiance. Ou alors le trésor est installé dans un écrin à sa mesure, nous pouvons nous souvenir de la description de l’arche d’alliance dans le livre de l’Exode, un splendide coffre de bois précieux recouvert d’or pour recueillir les tables de la Loi.
Mais l’Évangile reçu et transmis par Paul désigne un trésor resplendissant qui n’est pas matériel : la connaissance de la gloire de Dieu sur le visage du Christ. Une ample formule pour dire la grâce de Dieu, l’amour inconditionnel, le don de la vie comme vie éternelle. Avec Jésus-Christ, depuis Jésus le Christ crucifié et ressuscité, le corps humain, l’humain fragile suffit pour porter ce trésor. La grâce de Dieu se suffit de l’argile humaine ou comme le chantent les psaumes et les prophètes de l’humain comme herbe, comme fleurs des champs.

Et cela nous fait comprendre encore deux choses au moins.
La première c’est que le trésor ne craint pas d’être volé, il ne peut pas être volé car il ne peut qu’être donné et reçu. Il n’est pas au pouvoir de l’humain ni de le distribuer ni de décider d’en priver qui que ce soit.
La deuxième chose, c’est que si l’être humain n’est pas solide ni somptueux, sa fragilité même est merveilleuse. Elle est la moitié de l’ostracon dont l’autre moitié est le Christ énergie de vie et d’amour. Elle est la part humaine de la nouvelle alliance. Car ceux qui prétendent être solides, forts, ceux qui ne doutent pas, n’ont pas besoin ni du Dieu de Jésus le Christ ni d’autrui.
Elle est aussi la marque de la dilection divine pour les plus fragilisés des humains, ceux qui ne comptent pas, ceux qui ne valent rien dit-on, ceux dont la fragilité est si flagrante, si criante qu’elle est rejetée, cachée, déniée, parce qu’elle fait peur, tous ceux dont la seule présence nous rappellent notre propre fragilité.
Paul expose dans cette lettre sa fragilité d’apôtre en butte à une opposition méprisante qui préfère la force, la puissance, comme une figuration de toutes les tentatives pour ne pas être un perdant mais un puissant.
Paul l’expose parce qu’en Jésus le Christ la fragilité est transfigurée. Pas de manière flamboyante, qui s’impose ou écrase l’adversité. Car la souffrance fait toujours souffrir, mais elle n’anéantit pas l’humain. La fragilité n’est pas transformée en solidité ni en puissance mais elle est transfigurée en réelle présence.
Elle est la condition de l’humain, ce que nous avons de plus profondément commun et qui nous oriente en compassion, en empathie. Elle est lieu pour la grâce, pour la bénédiction, lieu qui permet à l’être humain de demeurer humain en y accueillant la part divine, lieu sans lequel toute force devient oppressante et tout pouvoir asservissant pour autrui.
Par elle passe l’Esprit qui nous tient en communion, tout le temps où ne nous pourrons nous rencontrer, et encore après.

Amen

Prière d’intercession

Éternel notre Dieu, Dieu de la vie
Nous te disons dans la prière ce qui nous pèse, ce que nous ne comprenons pas, ce qui nous révolte.
La souffrance des malades et l’angoisse des familles
Les pleurs des endeuillés et la détresse des abandonnés
Les violences et les humiliations faites aux plus faibles
Les injustices plus ou moins maquillées de fatalité, de nécessités d’un rendement
Tu es Dieu de la vie et nous te prions d’inspirer nos vies, afin qu’elles reçoivent le souffle nécessaire pour marcher, pour protester, pour lutter, pour résister.
Élargis nos vies afin qu’elles soient accueillantes à ceux qui pleurent, à ceux qui rient, à ceux qui cherchent, à ceux qui doutent.
Nous ne demandons pas à être autrement que de terre, d’argile fragile, mais nous avons besoin d’être réconfortés, encouragés, restaurés et puissions-nous l’être et nous laisser l’être par ceux qui seront tes anges sur nos chemins.
Nous sommes reconnaissants de pouvoir rester en contacts, en relations les uns avec les autres et pour les initiatives qui nous aideront à traverser les jours qui viennent.
Nous t’en prions, tiens-nous en communion les uns avec les autres, avec toi Dieu de la vie et avec le Christ.
Nous déposons notre prière dans celle qu’il a enseignée à ses disciples :

Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du mal.
Car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire pour les siècles des siècles.

Amen