La vie a-t-elle un caractère sacré ?

La présentation à l’Assemblée Nationale du projet de loi relatif à l’accompagnement des malades et à la fin de vie, ainsi que d’autres événements des derniers mois, suscite des prises de position de la part des représentants des religions reprises dans de nombreux médias. Parmi les arguments relevés est souvent cité le « caractère sacré de la vie ». Cette affirmation rend toute discussion impossible car ce qui est sacré ne se discute pas, ne peut être remis en question sous peine de sacrilège, d’hérésie, tout jugement disqualifiant celui ou celle qui se risquerait à critiquer ce qui relève finalement plus d’une injonction que d’un émerveillement.

La vie est-elle sacrée ?

Le sacré désigne ce qui est intouchable, inviolable, relevant du domaine exclusif du divin et séparé du domaine profane par une barrière impérieuse, même s’il s’agit d’un simple voile comme celui qui isolait le saint des saints dans le Temple de Jérusalem. Le sacré nécessite des intermédiaires qui pourront réaliser les différents rites permettant une relation avec lui, intermédiaires qui, en matière religieuse, sont constitués en une classe ou un ordre sacerdotal.

C’est ainsi que le sacré est toujours à la merci d’une mainmise sur lui de ce religieux instauré comme intermédiaire, de même qu’il induit l’exercice d’un pouvoir sur autrui. Ce pouvoir a envoyé Jésus de Nazareth à la crucifixion, mais les évangiles racontent que le voile du Temple s’est déchiré, Dieu rejetant les prétentions de la religion à le « gérer ». Le christianisme ne peut exister autrement qu’en sortant la religion comme gérance du sacré.

Considérer que la vie, la vie biologique, est sacrée parce qu’elle est un don de Dieu relève d’une confusion fréquente entre la nature et la Création. La vocation de l’humain n’est pas de se soumettre au sacré mais de devenir « saint », dans une dynamique d’existence transformée par l’Esprit en confiance et en espérance. Cette vie vivante n’est pas sans la vie biologique, mais elle ne lui est pas réductible : elle la transcende car elle accueille le don de grâce et d’Esprit destiné à chacun et à tous.

Dominique HERNANDEZ

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