Reconnaissance(s)

L’expression première de la foi se tient dans celle de la reconnaissance. Cette conviction explique par exemple, la place de la louange au début des cultes ainsi que la finale de la Déclaration de foi de l’Église protestante unie :
A celui qui est amour au-delà de tout ce que nous pouvons exprimer et imaginer, disons notre reconnaissance.
 « Célébrez Dieu, car il est bon et sa fidélité dure pour toujours. » Psaume 118.1

Le mot se déploie dans deux orientations, conjointes dans le domaine de la foi, mais qui peuvent être indépendantes l’une de l’autre dans l’usage courant : d’une part la distinction, l’identification, la nomination et d’autre part la gratitude pour un don reçu. D’une part un ″toi″, de l’autre un ″merci″. Le sentiment de reconnaissance, qu’il soit manifesté par un cri ou par une expression plus élaborée a ceci de particulier qu’il ne laisse pas indemne celui qui est reconnaissant.

En disant ″toi″, on devient ou on manifeste qu’on est un ″je″, un sujet acquiesçant à sa propre vie, confirmé, consolidé dans et par la reconnaissance de l’autre. En disant ″merci″, on atteste avoir reçu ce qui a été donné, en être bénéficiaire et en être ainsi augmenté, grandi. L’expérience de la reconnaissance est donc l’expérience d’être vivant et d’être élargi.

Plus qu’un sentiment, la reconnaissance est un mouvement de croissance, de dilatation qui touche celui qui l’éprouve mais également la perception qu’il a de ce qui n’est pas lui, perception qui est également amplifiée. L’élargissement de sa présence, de son existence, lui fait mieux voir toute vie. Cette amplification de la perception se joue de manière positive, car celui qui est reconnaissant, conforté et agrandi qu’il est, ne craint plus l’altérité ni la différence. Alors la dynamique de la reconnaissance se traduit également par une ouverture, un accueil, une disposition renouvelée à d’autres reconnaissances.

La fête de l’Amitié en offre un temps privilégié, reconnaissance de/ reconnaissance envers ceux qui œuvrent, ceux qui donnent, ceux qui viennent, ceux qui aident, ceux qui passent, ceux qui achètent, ceux qui accueillent… Et la multiplication de la reconnaissance représente certainement une des formes actuelles de l’expérience de la multiplication des pains, à portée de chacun, pour le bénéfice de tous.

Dominique HERNANDEZ

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