Février exceptionnel

Cette année, le mois de février est augmenté d’un jour : l’année est bissextile. Il n’est pas certain qu’il en acquière une ampleur nouvelle : il sera toujours le mois le plus court de l’année, coincé au fond de l’hiver, comprimé entre janvier rempli de vœux et de galettes et mars allongé vers le printemps et en ce qui concerne le Foyer de l’âme, vers l’assemblée générale de l’association cultuelle.

Alors il se peut bien que le 29 février passe sans qu’on s’en aperçoive, tellement le passage du temps et l’emploi du temps poussent un jour après l’autre sans qu’on ait toujours la disponibilité d’en savourer un supplémentaire, un particulièrement. Ce 29 février a toutes les chances d’être un jour comme un autre, sauf pour ceux dont ce sera l’anniversaire et qui pourront cette année le fêter à la date exacte.
Et février restera ce petit mois entre deux grands, troué pour certains des vacances qui ne l’empêcheront pas d’arriver très vite à son terme.

Ce mois de février est pourtant porteur d’un jour exceptionnel au Foyer de l’âme : non pas le samedi 29, mais le dimanche 23.
Ce jour-là, l’Entraide et les bénévoles de l’Église accueilleront pour le repas du CASP une cinquantaine de personnes démunies accompagnée par le Centre d’Action Sociale Protestant.

Une journée, un repas, cela semble peu de chose au regard de l’océan de misères dans lequel se débattent tant de personnes à Paris, privées qu’elles sont de tout ou partie de ce dont la plupart dispose sans toujours y penser : travail, domicile, amis, détente, alimentation équilibrée…
Une journée, un repas, peu de chose, et pourtant une protestation dans les deux sens du terme : contestation de l’oubli ou du rejet dont ces personnes sont victimes et attestation de la valeur unique et précieuse de chacune d’elle. Don et convivialité se tiennent au cœur du message évangélique, comme témoignages communs et universels de l’accueil inconditionnel dont chaque être humain bénéficie, ainsi que Jésus le Christ l’a manifesté.
Une journée, un repas, peu de chose, et pourtant une résistance pour ne pas laisser la méfiance, la peur, l’indifférence et l’égoïsme dominer les regards et les relations. Car la méfiance, la peur et l’indifférence accentuent la fragmentation du monde par laquelle tout le monde perd en présent et en avenir.
Une journée, un repas, peu de chose, et pourtant accueillir, parler et écouter, faire place à l’autre sans craindre de perdre la sienne, cette démarche est véritablement spirituelle. Et puis qui sait si en accueillant ces personnes, un messager de Dieu, un ange, ne se sera pas glissé parmi elles* ?

Une journée, un repas, peu de chose, et pourtant de quoi faire de février un mois exceptionnel !

* Hébreux, chapitre 13, verset 2 : « N’oubliez pas l’hospitalité : il en est qui, en l’exerçant, ont à leur insu logé des anges. »

Dominique HERNANDEZ

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