Le souffle pour la liberté

Au bout du mois de mai, la fête de Pentecôte mettra en avant la diversité dans laquelle l’Esprit, le Souffle de Dieu dont la Pentecôte célèbre le don, est reçu et compris par les différentes familles théologiques et spirituelles du christianisme. Esprit comme Souffle, comme inspiration, comme agir divin en l’humain, comme preuve de la foi, comme illumination de la lecture des Écritures, comme personne de la Trinité, comme créateur, comme transport d’extase, comme communication de Dieu vers l’humain, comme puissance de guérison, comme Dieu …

Cette extrême diversité peut sembler déroutante, légèrement vertigineuse, ou carrément dangereuse puisqu’elle témoigne avec force et humour de l’impossibilité de circonscrire l’Esprit dans une définition ou un mode d’action précis, ce qui est la moindre des choses pour cet Esprit, pneuma en grec, ruah en hébreu, des termes pour dire le vent insaisissable, incontrôlable. Ainsi, la tentation de réduire la diversité à une liste close, même si c’est celle de la première épitre de Paul au Corinthiens (1 Co 12 et 13), la tentation de juger soi- même si l’Esprit est présent en autrui et pour lui ne cessent de traverser les Églises en y agitant en guise d’épouvantail la menace d’un supposé chaos ainsi que la divine condamnation des autres différents, et en guise de séduction la sécurité du même et du connu ainsi que l’exercice d’un pouvoir sur autrui.

La diversité des compréhensions, des réceptions, des manifestations de l’Esprit est profondément jubilatoire car elle est source de gratitude et de liberté.
Le Souffle passe et agit en chaque humain tel qu’il est et selon ce qu’il est, c’est-à-dire que l’Esprit n’est jamais un Esprit d’uniformisation ni de conformité. Même si nous n’en comprenons pas tous les ressorts et les jeux, même si nous n’approuvons pas tout ce qui est dit et fait en son nom, même si nous pouvons même nous y opposer, nous ne pouvons pas prétendre garantir où et quand l’Esprit a ou va souffler. Cela nous libère de la confusion entre foi et savoir, foi et pouvoir, autant que cela nous oblige à toujours chercher à comprendre et à exprimer mieux ce que nous croyons.

Alors, nous réjouir quand nous discernons que le Souffle est passé, et c’est souvent a posteriori, nous réjouir de sa liberté de Souffler où et quand il veut, oui, nous le pouvons, nous le faisons, encore.

Dominique HERNANDEZ

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