Temps de prière

Il ne manque pas d’analyses à propos de la situation actuelle et de ses conséquences en Ukraine, en Europe, dans le monde. Il ne manque pas de spécialistes et d’experts pour déplier la complexité de cette guerre et de ses origines, où se mêlent l’histoire passée, son interprétation et sa nostalgie, les ambitions, les vanités, les convoitises, les personnalités, les identités véritables ou fantasmées. Depuis longtemps, le mot guerre n’avait autant saturé les médias et les discussions, et le mot paix été prononcé avec autant de force dans les demandes, les espoirs, et même les prières.

Nous n’avons pas d’influence sur la guerre qui ravage un pays si proche, nous ne pouvons pas faire grand-chose pour que la paix soit rétablie aux marches de l’Europe, ni même ailleurs.

Mais nous pouvons ouvrir les Écritures, encore et à nouveau, et y lire combien la paix dont il est question dans la Bible est d’abord une question spirituelle, paix intérieure, paix de l’âme et de l’être, paix enracinée en Dieu, en sa parole de grâce posée sur et en chacun.

C’est pourquoi les prières pour la paix, qu’elles soient organisées dans les temples et les églises, ou exprimées dans l’intimité du cœur, ne peuvent viser à demander à Dieu d’intervenir sans tarder afin que cesse la guerre.

La prière pour la paix, comme toute prière, est d’abord l’exposition de celui/celle qui prie, individuellement ou avec d’autres, exposition à l’œuvre du Souffle en soi, exposition à l’action de Dieu en soi. Mise en mots de la souffrance, de l’inquiétude, de la compassion, du désir constatés et/ou éprouvés, la prière est présentation de l’être dans son humanité qui le relie à toute l’humanité. A travers elle, nous sommes alors orientés dans le sens auquel Dieu nous appelle et que le Christ a révélé ainsi que les évangiles le racontent : sens de la vie vivante, sens du vivant vivifié. La prière pour la paix, comme toute prière, élargit en nous la place pour la divine dynamique créatrice qui nous engage en existence, au-delà de ce que nous sommes et de là où nous sommes, vers ce et ceux qui surviennent sur nos routes.

Finalement, c’est nous qui sommes priés de nous rendre disponibles à la confiance qui nous réveille et nous relève, priés d’aller et de vivre dans la paix et pour la paix, auprès de ceux que la guerre jette dans le désarroi, la peur, la détresse, le dénuement.

Dominique HERNANDEZ

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