Incarnation

Par Lina Propeck

Avec des images intégrant la Parole dans un quotidien ordinaire, Lina Propeck propose comme les « bouts d’essais » d’un film qui ne sera jamais achevé et dont, tous, nous connaissons le scénario !

Elle est là.

Sous le soleil, cette enfant est là.

Sous le soleil, Miriâm, cette promesse de femme, se tient.

La cruche d’eau fraiche déposée dans l’ombre de la maison, elle est ressortie ; elle est montée sur la terrasse ; elle regarde la ruelle du village et, au coin là-bas, l’atelier de Iosseph, le charpentier.

Elle se souvient.

Iosseph et Miriâm ont échangé la promesse qui les engageait l’un à l’autre. Puis, il y a quelques semaines, Iosseph a versé le « Mohar » cette somme d’argent fixé par le père de Miriâm afin qu’il consente à ces fiançailles.

Puis Iosseph a remis à Miriâm l’anneau d’or en lui disant :  » Voici, par cet anneau tu m’es consacrée selon la loi de Moïse et d’Israël. »

Ainsi tous deux sont fiancés. Ils se marieront dans un an.

Mais, là, seule sur cette terrasse en plein midi, la réalité l’assaille ; la peur la gagne.

Elle n’est pas mariée.

Or elle sait l’instant précédent.

Elle sait l’instant d’avant.

Cet instant des Mots.

Mots sourds. Mots brûlants. Mots murmurés, gravement, en elle.

Elle est jeune, Miriâm.

Douze ans à peine.

Elle n’a pas bien compris.

Mais …. à présent ….

Elle sait.

Miriâm est emplie de l’Annonce : cet Enfant en elle, cet Enfant sera la Lumière du Monde.

Et là, soudainement : la peur, cette peur de la lapidation signalant à la communauté la fiancée parjure, la peur soudainement s’éloigne.

En elle, la Lumière.

Elle se confiera à Iosseph ; il l’aidera ; il chargera l’âne ; il ceindra ses reins de la ceinture du voyageur ; il prendra son livre de la Loi, son bâton, sa besace chargée de nourriture, d’huile, de vin, de médicaments et il l’emmènera, elle, Miriâm vers le hameau voisin à Bethléhem Cerieh.

Et s’accomplira l’Ecriture.

Libres billets - Autres articles